mardi 5 février 2019

FOLLE MUSE


FOLLE MUSE

La Muse me rend folle..Sorte de fourre-tout à l'Ali Baba.
Un jour, elle veut me jeter dans le lac, dans le feu,
Elle me dit : « Communie » comme «Excommunie-toi ! »...
Elle n'ignore ni Danse de Saint-Guy ni Gigue en délire, sans cessez-le-feu !

Comme invitée à me jeter du haut d'un temple ou d'une montagne,
Telle Jésus, aussi bien qu'à marcher sur l'eau, elle me harcèle,
Ne me laisse de répit, exigeante, capricieuse, tourmentée.. Point de Cocagne !
Elle me sussure ses volontés changeantes, aspirantes, entre mer et ciel.

Oh, elle aimerait bien avoir ma peau, s'y prélasser comme s'y rouler,
Comme cette Impératrice ne me laisse aucun repos ou répit,
J'en suis parfois irritée, bouleversée, le plus souvent complice à l'unanimité !
Je la taquine comme elle aspire à m'inspirer et câjoler en mon lit …

En son charme de Cobra venimeux à moitié, elle dodeline de la tête en opéra,
Un air divin à bouleverser mes entrailles comme assoupir mon cerveau,
D'emblée, je lui appartiens et elle s'ingère en ma vie...Piégée comme un rat,
Me voici consentante : en épousailles de Vermeil et de Diamant tintent ses grelots !

Car je lui appartenais bien avant ma naissance, tout inscrit en belles Lettrines,
Ainsi fut décrété et institué mon humble sort, ah, ne jamais pouvoir lui échapper
S'avère enviable sortilège ainsi que renoncement à la paix de l'âme, en lutte assassine
Entre monde terni extérieur, en bric-à-brac de troc, et nos émois bouleversés !!

Conserve bien ta ravine, O Mon Désespoir, orne autant tes jardins, O Babylone !
Suspend donc aussi bien nos larmes salvatrices que nos cœurs de Pommes d'Or,
Ne ménage ni nos peines ni ta liesse insensée comme incohérente, félonne,
Assure-nous de ton tombeau comme de ta fée d'absinthe, de nous, en-dehors !!!

Noëlle ARNOULT,
Dijon, 5 Février 2019,
23 h 30

APPRENTIE ET MAITRESSE








APPRENTIE ET MAITRESSE

Vivre sans son aimé s'avère une torture,
Le regarder sans cesse et ne parvenir à le voir,
La nuit se raccrocher à lambeaux de luxure,
Quand seul Paradis de lui sait nous émouvoir.

Quand seuls ses jasmins crûment en partance
Prennent possession de mon être à la folie,
Un bal masqué où mon imaginaire danse,
Sans qu'il ne soupçonne, même, qu'il crée ma vie.

D'un soupir, j'expire à une ire ou mot sans dire,
Suspendue à ses lèvres, je meurs sans baiser,
Pire, ne possédant aucun masque de cire,
Je ne ris pas, ne pouvant, qu'à sa voix, sourire.

Ainsi, le temps bien violent, s'étirant en plaine,
Ne sait que vaguement recueillir mornes plaintes...
Qui vit sans passion, sans or en son bas de laine,
Ne sait ce qu'est la vie, même l'âme qu'il éreinte.

Quand je veux demeurer à vie son apprentie,
Où réside noble maître, ma soif de lui,
Quand l'apprentie a besoin des soins, de leur lie,
D'être couverte de plâtre comme de suie... 

Tout ce qui sombre en l'obscurité de la nuit,
Les limbes du firmament dessinant chemin,
Des bras, des murmures et des hécatombes aussi,
Car il lui faut des abondances en tout demain.

La Maîtresse, elle, perd toute raison, offensée
De ne plus subjuguer d'amour son aimé nuit,
Hagarde, elle compte les perles de ses colliers,
Ignorant si, sans lui, sont des jours, lunes, enfuis...

Tant il sous-estime son mal profond, ses transes,
Sans ce bonheur pur et fulgurant q'elle éprouve
A le faire naître d'un baiser transhumance,
Plaisir, douleur et désir pénétrants de louve...

Noëlle ARNOULT
Dijon, 5 février 2019, 19 h.


dimanche 3 février 2019

PARFOIS...


PARFOIS...

Parfois, être Poète,
C'est « Sois belle et tais-toi ».
Empruntée comme fluette,
Un comble, plus de voix.

Mais qui a dit, prétendu,
Que le poète lit sans messe basse ?
Quand, de pudeur éperdu,
Il intériorise, ressasse,

Rien de Cyrano, ni du Cid,
Tout juste un murmure d'oiseau
Pépiant d'un chant aride,
Toute son âme en un mot.

Il ne sait si on le voit,
Alors comment l'entendre !
Il soutient noble Croix,
Il ferait bien de s'y pendre !

Haletant pour pierreries
Jetées en hâte à la rivière,
Il s'en fait un collier, ravi,
Comme Artaban, fier.

Et toi, tu ne déroges pas
A la règle des maladroits,
De tes émotions à bout de bras
Ne ressemblant qu'à toi.

Ta robe couverte de fleurs,
De nids et d'hirondelles,
Fait croire par erreur
A une fieffée donzelle.

Or, d'une dramaturge,
Bouillonne ton timide esprit,
Emprunté en toges de démiurge,
En ses yeux de flagrant délit.

Tout dans ton exalté élixir,
Quand tremblent tes lèvres
Haletantes au bord d'un soupir,
Retenu par tes mains d'orfèvre.

Noëlle ARNOULT
2 Février 2019,
Dijon, 23 h.


UN TOCSIN

Parfois on voudrait fermer les yeux
Et ne jamais se réveiller
On frappe et personne n'ouvre, ou si peu.
Une embrasure démesurée,
Seule en notre cœur
Exhale ses fleurs...

Un tocsin résonne en tes oreilles,
Allez, marche comme un condamné !
Attrape, des Cieux, les Merveilles
Lance-les, qu'elles soient bradées !
Sacrée Foire d'empoigne
Où l'on se serre la poigne...

Se fondre sur les ailes de l'Ange...
Oh mais toi seul est ce Séraphin !
Quand descend cette volute étrange
En mon être perclus de divin...
Hébété de désir d'ostensoir,
Médusé d'amour et de désespoir.

Noëlle ARNOULT
02 Février 2019,
22 h 15, Dijon.

LA DANSEUSE ET LA ROSE


LA DANSEUSE ET LA ROSE

La Danseuse en étoiles respire cette rose,
Comme si sa vie en dépendait en Tutu,
Lac des Cygnes, une mort douce pour peu de choses,
Derrière le rideau, des adieux d'Absolu.

Entourée d'arbres verdoyants, de colonnades,
Des étoffes, rouge rubis profond, s'affrontent,
Pour commencer cet antique drame en ballade,
D'un œil de danseuse espagnole, boit toute honte.

Elle s'élance pour vivre, s'élance pour mourir,
Sa fleur à la main l'enivrant de son parfum,
Comme un doux tourment expirant en un soupir,
Songeant à son Roi, l'aimant en ardents matins.

Car sa rose est devenue sa seule épousaille,

Comme le Petit Prince, sa sensibilité
Noyée en ses pétales offerts de ses semailles,
S'exacerbant en l'Oubli du fleuve Léthé...

Seule cette Eglantine la sauve et comprend,
Elle aimerait humer ses senteurs entêtantes
Jusqu'au point ultime délétère asphyxiant,
Qui la conduirait à l'antichambre tentante...

Là où elle trace en entrechats des arabesques
Légères à côtoyer enviable apesanteur,
Puisque, d'un roi jamais revenu, barbaresque,
Disparu en l'Histoire du Temps, point l'Horreur...

Cette fleur, un Horizon, seule Pâmoison,
Ses entrailles nouées sans main pour les ouvrir,
A Eros elle se crucifie, en déraison,
Aspirant poison de feu, brasier pour l'occire...

Noëlle Arnoult
2 et 3 Février 2019, Dijon