BRÉVIAIRE
La langueur de ces baisers mortels me pénètre
Un fleuve Léthé, ses opacités, ses tourments,
Remous cachés, son insuffisance outrecuidante …
Quand le fleuve se retire, lit sans paraître,
Git l’absentéisme d’un amour décadent,
Quand ton baiser se retire, mer descendante…
Où est l’amour, d’un prêche en désert, sans Jésus !
Sans un jeune homme aux cheveux longs comme à foison
D’un cœur qui serait si pur, si fort et empli de nous !
Empli de trésor gisant des manques abattus,
Nous ceignant de lumineux bras de déraison
De si fervente ardeur terrassant tout courroux…
Sans ta jeunesse, je meurs, insouciance aimée !
Sans ta poitrine palpitante offerte à moi !
A moi seule, unique femme, exaltée sur l’Arche !
Autel de folie de notre soleil d’Aurore exalté !
Que ne veux tu faire, voulant être mon roi ?
Rien, nul gouffre, puits, ne nuira à ta démarche !
Bien au contraire, tireras très haut le seau !
Pour m’inonder de Merveilles et d’encens, benjoins !
Me oindras le corps d’hymens si resplendissants…
Je l’ai vu, pas vous ! L’Éphèbe tenant l’Anneau !
Il embrassait, enserrait, annulaires joints !
De Nudité si douce, diamant des amants…
Je me meurs à le toucher, d’âme chavirée !
Il se tient là, il me tient là, même ténue !
Il boit à mon visage renversé, Baiser !
Silence quand l’amour ne se fait plus rêver !
Qu’il agite des ailes silencieuses, sues !
Qu’il lit en vous Bréviaire, missel suranné…
Noëlle ARNOULT
Tous droits réservés,
Dijon, 1 h 30
17 Août 2022
Et bien, par hasard, connaissiez-vous Le Bréviaire d’amour ?
Publié le 26/04/2012 à 00:00
https://www.midilibre.fr/2012/04/26/le-message-du-breviaire-d-amour,491988.php
Une œuvre immense de 36 500 vers en occitan écrite au Moyen Age, qui chante l'amour, qui chante la liberté de la femme, c'est le Bréviaire d'amour, d'un troubadour de Béziers, Matfre Ermengau, écrit à la fin du XIIe siècle. On a pu découvrir ce magnifique ouvrage le week-end dernier, lors d'une exposition présentée dans la salle voûtée par le Cercle philosophique Jules-Verne, l'association Los amics del bréviari d'amor, l'Alizarine et le Mouvement rural de l'Hérault, qui a donné lieu a une conférence publique donnée par le directeur du Cirdoc, Philippe Hammel.
Devant une assistance attentive, Philippe Hammel a décrypté l'enluminure d'ouverture du Bréviaire d'amour, consacrée à la musique, l'image, la poésie, avec les portées d'une chanson de troubadour composée par Matfre Ermengau sur le thème, droit de nature commande, qui donne le ton du contenu.
"Au fil des pages, on découvre quelque chose de très important, a souligné Philippe Hammel, pour la première fois dans l'histoire, on constate un mélange des connaissances laïques et des acquis religieux. Matfre Ermengau organise tout l'univers avec la notion d'amour, ciment du monde. Son ouvrage sent le souffre car il évoque des sujets qui fâchent. Il chante la liberté de la femme dans le choix de son partenaire, il chante même l'adultère. Il dit comment gouverner l'amour des dames. Il dit encore que l'homme séduit et que la dame choisit, alors que la coutume était aux mariages arrangés. A l'époque on finissait sur un bûcher pour beaucoup moins que cela et l'auteur a été bien téméraire d'entreprendre une telle œuvre. Pourtant il est mort dans son lit, de sa belle mort !"
Selon Philippe Hammel, Matfre Ermengau avait un message à nous transmettre qui reste à découvrir dans le Bréviaire d'amour. "C'est un défi à notre intelligence, dit-il, et je rêve que de jeunes chercheurs trouvent la clé du message contenu dans cet ouvrage".
C'est aussi le vœu espéré de l'association Los Amics del breviari d'amor, présidée par Laurent Vassalo, vice-président du Mouvement rural de l'Hérault, dont le but essentiel est de promouvoir la recherche universitaire, ainsi que les valeurs de l'humanité et de l'Occitanie. Cette association soutient aussi la traduction en français du Breviari d'amor, qui devrait sortir en 2013 sous les prestigieuses signatures de Peter T. Ricketts, professeur à l'université de Birmingham et d'Henri Barthès, président de la société archéologique de Béziers.
Il existe à ce jour douze copies du Bréviari d'amor dans le monde. Le Cirdoc en possède un précieux exemplaire, acquit pour la somme de 4 850 , que l'on a eu le privilège de pouvoir admirer lors de cette passionnante conférence à Villeneuvette. Car il fallait à tout prix que cette œuvre majeure revienne à Béziers.