José Garnelo Espagne
ASPASIE
ET PERICLES
Aspasie,
plus belle femme,
Plus jolie, car adorée...
Tant l'image
de mon Âme,
A ma droite, est honorée !
Moi,
Périclès, en union...
En épousailles officielles,
Me
donnant son Parthénon,
Mais des allures sans Ciel !
J'en
oubliai hyménée,
Tant mon âme se brûlait
Aux espoirs,
désirs cachés,
Aux ennuis, chagrins, méfaits…
Ce
cœur s'amenuisait,
Lorsque sonnait Crépuscule,
Lorsque
Pénombre luisait,
Me condamnait... Minuscule !!
Ainsi,
tu vins, O Ma Reine,
Chargée d'or et de diamants,
Tu vins
consoler ma peine,
M'offrant un soleil d'Amant !
Ton
cœur aimant m'illumine,
Ton intelligence luit,
Ton Chant
me charme, violine,
Ta suave chair me nourrit !
Tu
n'es pas aussi polie
Que les galets de la mer...
Ils
t'accablent d'avanie,
Tous les nantis aux faux airs..
Et
pourtant tu resplendis !
Socrate dit : « Périclès,
Tu es
un Roi sans taudis,
Tant on t'aime de hardiesse,
Sièges
en noble Panthéon,
Ton hétaïre te caresse...
Oublie la
vierge d'union,
Tu as un Bijou tendresse !
Tu
possèdes Feu et Flamme,
Séduction comme Douceur,
Attraction
en Oriflamme,
Intelligence et Ardeur…
Ne
lâche pas ce diamant,
Que tout Athènes t'envie,
Quoique
l'opprobre te ment,
Au sujet de ton Aspasie !
Car
on la dépeint futile :
Elle dépasse l'homme en don...
Et
puis s'affiche gracile,
Quand on entend des dragons !
Nombre
envient sa liberté,
Sa bouche rouge, ses yeux peints...
Crainte
n'y est enfermée,
Pas plus que des poings d'airain !
On
dit de mauvaise vie
Reine qui te prend en couche
De satin
sans nulle ortie :
Combien t'envient en air louche !
Accueille-là
sous ton toit,
Dédaigne vile rumeur,
Ne l'accule sans
émoi,
A la peine et au malheur !
Point
d'épigamie pour toi,
Ou aisée polygamie,
Tous se
gausseront de toi...
Mais peu te chaut : suis ta mie ! »
«
Tu as bien raison, Socrate,
Je ne suis plus cet austère
Que
tu rencontras en hâte,
Car ne suis plus solitaire !
Charmé,
je suis amoureux
De cette belle Métèque,
Dont Sophocle et
Phidias, eux,
M'envient la magie secrète !
Je
ne la cacherai pas,
Car de ce Joyau, suis fier,
Elle ne
conduit au trépas
Mais à l'Aube, à la Lumière !
Son
discours est olympien,
A moi se donne Aphrodite,
Pourquoi
ne pas lier ce lien,
Quand tout ailleurs se délite !
Je
baise en riches sandales,
Ses pieds, ses eaux de parfum,
J'aime
tout ce qu'elle exhale,
Elle est ma soif et ma faim…
Je
change toute tenture,
Pour Aspasie, ses doux yeux,
Prends
des étoiles en voilure,
Car, tu sais, elle me fait dieu !... »
Noëlle
ARNOULT
Tous
droits réservés,
DIJON, 16 mars 2018
Minuit 30.
Informations générales :
Périclès,
homme d’état, stratège et grand orateur athénien du 5e siècle
avant notre ère, eut une liaison avec une femme exceptionnelle :
Aspasie de Milet. À leur première rencontre, il fut frappé par la
beauté,
même personnelle, subjective, émanant d’elle,
et par
l’érudition
de cette jeune métèque qui n’ignorait rien des lettres et des
arts. Mais selon les lois en vigueur à Athènes, un citoyen ne
pouvait épouser une étrangère... Aspasie et Périclès formèrent
alors un couple hors du commun jusqu’à ce que la mort les sépare.
Détails :
495
av J.C. naissance de Périclès, surnommé le Premier Citoyen de sa
patrie...
Il
rencontre
Aspasie de Milet
quand elle a 25
ans, sans doute apparentée à Alcibiade, (450/404
av J.C. un
Athénien,
stratège et général, une
personnalité
haute en couleur qui fascina
ses contemporains.)
Aspasie,
elle, naît vers
470 av. J.-C. à Milet (ancienne cité grecque d'Ionie en Anatolie)
Très
érudite bien que provinciale, cette jeune femme connaît aussi très
bien la politique, l’art oratoire. Plusieurs Athéniens se
rendaient chez elle, quand elle logeait dans la même maison que des
courtisanes, et ce, pour y prendre des leçons de rhétorique.
Quand
Périclès divorce (sa femme était une parente, ils avaient eu
ensemble deux enfants mais ne s’inspirant mutuellement que du
dégoût, et connaissant Aspasie, il la maria à un autre !), son
amoureuse devint sa concubine, sinon sa femme cependant, car l’on
ne croit pas qu’il put l’épouser, étant considérée comme
métèque (citoyen d’une autre ville). Ce choix se voit désapprouvé
par tout son entourage.
On
colportera partout qu’ Aspasie n'est qu'une prostituée, elle choque
surtout car elle arbore un statut particulier, paie des impôts et
participe à la politique. C’ est un « alter ego » à
Périclès, alors que cela n’existe pas d’ordinaire, en Grèce.
Tout à fait son égal, elle possède une grande influence sur la
politique de l’époque, fréquente les plus grands philosophes et
dignitaires, dialogue avec Socrate, Sophocle…
Tous
ou presque se voient offusqués, ce couple défraye la chronique,
mais ils se montrent indifférents aux préjugés.
On
chuchote partout des détails extraordinaires pour l’époque,
soulignant la passion de Périclès qui embrasse sa femme toujours en
l’accueillant et en la quittant...
Puis
on accuse principalement et dramatiquement Aspasie de « corrompre
la cité » elle doit répondre du crime de « libre
pensée », seul Périclès parvient à attendrir les juges par
ses larmes… Ils n’avaient jamais constaté telle passion et
sensibilité chez un homme, surtout de cette stature...
Périclès
aura un fils avec Aspasie.
A
sa mort, elle prend un autre protecteur, un marchand de moutons sans
instruction, à l’esprit même vulgaire, et réussit à en faire le
premier homme d’Athènes !...C’est dire sa grande puissance,
son magnétisme et influence.