dimanche 15 janvier 2023

ASPASIE ET PERICLES

 


José Garnelo Espagne

ASPASIE ET PERICLES

Aspasie, plus belle femme,
Plus jolie, car adorée...
Tant l'image de mon Âme,
A ma droite, est honorée !



Moi, Périclès, en union...
En épousailles officielles,
Me donnant son Parthénon,
Mais des allures sans Ciel !



J'en oubliai hyménée,
Tant mon âme se brûlait
Aux espoirs, désirs cachés,
Aux ennuis, chagrins, méfaits…



Ce cœur s'amenuisait,
Lorsque sonnait Crépuscule,
Lorsque Pénombre luisait,
Me condamnait... Minuscule !!



Ainsi, tu vins, O Ma Reine,
Chargée d'or et de diamants,
Tu vins consoler ma peine,
M'offrant un soleil d'Amant !



Ton cœur aimant m'illumine,
Ton intelligence luit,
Ton Chant me charme, violine,
Ta suave chair me nourrit !



Tu n'es pas aussi polie
Que les galets de la mer...
Ils t'accablent d'avanie,
Tous les nantis aux faux airs..



Et pourtant tu resplendis !
Socrate dit : « Périclès,
Tu es un Roi sans taudis,
Tant on t'aime de hardiesse,



Sièges en noble Panthéon,
Ton hétaïre te caresse...
Oublie la vierge d'union,
Tu as un Bijou tendresse !



Tu possèdes Feu et Flamme,
Séduction comme Douceur,
Attraction en Oriflamme,
Intelligence et Ardeur…



Ne lâche pas ce diamant,
Que tout Athènes t'envie,
Quoique l'opprobre te ment,
Au sujet de ton Aspasie !



Car on la dépeint futile :
Elle dépasse l'homme en don...
Et puis s'affiche gracile,
Quand on entend des dragons !



Nombre envient sa liberté,
Sa bouche rouge, ses yeux peints...
Crainte n'y est enfermée,
Pas plus que des poings d'airain !



On dit de mauvaise vie
Reine qui te prend en couche
De satin sans nulle ortie :
Combien t'envient en air louche !



Accueille-là sous ton toit,
Dédaigne vile rumeur,
Ne l'accule sans émoi,
A la peine et au malheur !



Point d'épigamie pour toi,
Ou aisée polygamie,
Tous se gausseront de toi...
Mais peu te chaut : suis ta mie ! »



« Tu as bien raison, Socrate,
Je ne suis plus cet austère
Que tu rencontras en hâte,
Car ne suis plus solitaire !



Charmé, je suis amoureux
De cette belle Métèque,
Dont Sophocle et Phidias, eux,
M'envient la magie secrète !



Je ne la cacherai pas,
Car de ce Joyau, suis fier,
Elle ne conduit au trépas
Mais à l'Aube, à la Lumière !



Son discours est olympien,
A moi se donne Aphrodite,
Pourquoi ne pas lier ce lien,
Quand tout ailleurs se délite !



Je baise en riches sandales,
Ses pieds, ses eaux de parfum,
J'aime tout ce qu'elle exhale,
Elle est ma soif et ma faim…



Je change toute tenture,
Pour Aspasie, ses doux yeux,
Prends des étoiles en voilure,
Car, tu sais, elle me fait dieu !... »



Noëlle ARNOULT

Tous droits réservés,
DIJON, 16 mars 2018
Minuit 30.





Informations générales :



Périclès, homme d’état, stratège et grand orateur athénien du 5e siècle avant notre ère, eut une liaison avec une femme exceptionnelle : Aspasie de Milet. À leur première rencontre, il fut frappé par la beauté, même personnelle, subjective, émanant d’elle, et par l’érudition de cette jeune métèque qui n’ignorait rien des lettres et des arts. Mais selon les lois en vigueur à Athènes, un citoyen ne pouvait épouser une étrangère... Aspasie et Périclès formèrent alors un couple hors du commun jusqu’à ce que la mort les sépare.



Détails :

495 av J.C. naissance de Périclès, surnommé le Premier Citoyen de sa patrie...

Il rencontre Aspasie de Milet quand elle a 25 ans, sans doute apparentée à Alcibiade, (450/404 av J.C. un Athénien, stratège et général, une personnalité haute en couleur qui fascina ses contemporains.)



Aspasie, elle, naît vers 470 av. J.-C. à Milet (ancienne cité grecque d'Ionie en Anatolie)

Très érudite bien que provinciale, cette jeune femme connaît aussi très bien la politique, l’art oratoire. Plusieurs Athéniens se rendaient chez elle, quand elle logeait dans la même maison que des courtisanes, et ce, pour y prendre des leçons de rhétorique.

Quand Périclès divorce (sa femme était une parente, ils avaient eu ensemble deux enfants mais ne s’inspirant mutuellement que du dégoût, et connaissant Aspasie, il la maria à un autre !), son amoureuse devint sa concubine, sinon sa femme cependant, car l’on ne croit pas qu’il put l’épouser, étant considérée comme métèque (citoyen d’une autre ville). Ce choix se voit désapprouvé par tout son entourage.

On colportera partout qu’ Aspasie n'est qu'une prostituée, elle choque surtout car elle arbore un statut particulier, paie des impôts et participe à la politique. C’ est un « alter ego » à Périclès, alors que cela n’existe pas d’ordinaire, en Grèce. Tout à fait son égal, elle possède une grande influence sur la politique de l’époque, fréquente les plus grands philosophes et dignitaires, dialogue avec Socrate, Sophocle…

Tous ou presque se voient offusqués, ce couple défraye la chronique, mais ils se montrent indifférents aux préjugés.

On chuchote partout des détails extraordinaires pour l’époque, soulignant la passion de Périclès qui embrasse sa femme toujours en l’accueillant et en la quittant...

Puis on accuse principalement et dramatiquement Aspasie de « corrompre la cité » elle doit répondre du crime de « libre pensée », seul Périclès parvient à attendrir les juges par ses larmes… Ils n’avaient jamais constaté telle passion et sensibilité chez un homme, surtout de cette stature...

Périclès aura un fils avec Aspasie.

A sa mort, elle prend un autre protecteur, un marchand de moutons sans instruction, à l’esprit même vulgaire, et réussit à en faire le premier homme d’Athènes !...C’est dire sa grande puissance, son magnétisme et influence.



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