mercredi 28 juin 2017

JE VOUS LAISSE L'AIGLON

JE VOUS LAISSE L'AIGLON

L'amour me tuera
Et c'est tant mieux
Car je ne veux, en ce combat,
Laisser vaincre mal ennuyeux,
Labeur ou maladie,
Effort ou parcimonie.

J'autorise seule Vénus à m'occire,
Surpassant Pluton, Mars ou Mercure...
Je vous laisse tous en rire :
A moi de choisir ma luxure !
Je lui donne tout pouvoir,
Elle est mon travail sans devoir...

Jamais ne veux éloigner
Sa torture et emprise exquises :
C'est en elle que je suis née,
Telle l'Aphrodite insoumise,
En son coquillage empli de saveurs,
Captive de sa seule chevelure d'ardeur.

Les ricanements des sournois
N'ont d'emprise en ma conviction :
Laissez-moi me caresser de soie,
Je vous abandonne l'épée et l'Aiglon.
Laissez-moi pénétrer d'autres mondes,
Quand vous n'en effleurez pas l'onde.

Votre désert sans nom
Ne m'inspire que dépit, mépris !
Je n'entends point votre renom,
IL n'imprègne pas la vallée de la vie.
Je me demande où cheminent vos rêves,
Tristes à en mourir, sans sêve...

Battrait-on cent fois mon âme
Que je ne déposerais les armes.
O Vénus, brillante, si noble dame !
Je t'encense, quelles que soient mes alarmes,
Je t'adore et t'embrasse les pieds,
Je te ceins d'une ceinture de palétuviers !.. 


Noëlle ARNOULT
Mercredi 28 Juin 2017

Châtillon Sur-Seine, 16 h 30.

dimanche 18 juin 2017

LA PIERRE DU TOMBEAU

LA PIERRE DU TOMBEAU

Nul ne connaîtra notre âme,
Ni celui que nous aimons
Notre ardeur et notre flamme...
Croit-il combler ce limon !

Roulera-t-il notre pierre
Devant un sombre tombeau ?
En roc d'outre-tombe fier,
A-t-il pitié d'un caveau ?

Une grotte nous habite,
Ruisselant de pluies obscures,
Une solitude en rite,
Où ne s'épanouit l'azur...

-----------
Le plus malheureux sourit
Tant la vie est son seul prix ,
En veine qui coule ici,
En torrent qui geint, puni !

Son seul réconfort : l'amour
Sa seule souffrance : l'amour...
Car ce n'est pas en Adour
Qu'il ira noyer ses jours...


Oh ce n'est pas en linceul,
Que je serai Bien-Aimée,
Jamais en linge de deuil,
Que je trouverai l'Aimé.

Qui roulera cette pierre,
Mais pour l'ôter, cette fois ?
Est-ce toi au regard fier,
Qui sauvera ma foi ?

Feras-tu comme Jésus
Intimant à Saint-Lazare
De se lever dévêtu,
Sans trompette ni hasard ?

Serai-je en Eternité,
Clouée sur ton rouge cœur ?
Ma jeune âme vieille-née
N'est plus qu'un vent de douleur...

Tu me promets la douceur,
En ton regard d'absolu,
Mais loin de toi je me meurs,
Tant ma bouche, loin, s'est tue...

Mutiles-moi de tes clous,
Pour qu'enfin je puisse vivre,
Prends ton marteau et la roue
S'il le faut, pour rester ivre...

Un vent de résurrection,
Nettoiera ces vieilles pierres,
En glorifiante exaction,
Pour me sortir de la terre...

Noëlle ARNOULT

19 Juin 2017, 1 h 30. Dijon

MELANCHOLIA

MELANCOLIE


Mélancholia, Humeur d'Hippocrate ;
Bile noire, « Mélancolos » pour Sophocle,
Atteignait l'humble quidam ou l'aristocrate,
Aussi bien le Borgne que le Monocle...


Héraclès trempa ses flèches dans le sang de l'Hydre de Lernes,
Sort puissant contaminant touts les morals en berne...
Une toxicité mortelle
Atteignant tous les mortels...


La Mélancolie atteint les Génies
Je ne dis pas que j'en suis !
La Mélancolie atteint tout être pensant,
Souhaitant l'Extase et le Bonheur !
Souhaitant Espérer sans rancoeur,
Cependant réalisant que l'Existence lui ment,
Tant elle s'acharne à détruire les belles heures...


Mélankholia a le regret du Passé ;
L'Acédia s'use aux épines du Présent ;
Le Spleen embrasse un Futur, avant que d'être, ruiné !
Le Génie et la Folie écrivent un Roman...


Augurer de l'Existence rend lucide et désespéré, amer !
Nous pouvons croire encor et encor en sa joliesse
Néanmoins combien s'avère loin le Firmament étoilé de paresse
Et peut-être jamais atteignable, Enchanteresse Cythère...


Demeure cette tristesse littéraire et tutélaire,
Qui fit son nid en nous depuis d'Antiques Temps...
Passagère, quelquefois, comme nuages de misère,
Nous permettant d'accéder ensuite à l'Azur éclatant !


Dans le vocabulaire Courtois, pouvant confiner à la perte de raison,
Ainsi que pour le Romantisme,
Ainsi que pour sa soif d'Idéalisme,
Conjuguant batailles de Chimères échevelées et terrifiants Dragons,
Avec désenchantement et dégoût du sinistre monde,
Ténèbres et glaciations, avant-goût de la Tombe !
Embarquant avec elle tous les pauvres Jocrisses...


En médecine, devenue tare physique et émolliente,
Paresse, Inertie et Rêveries érotiques, que Dürer hante !
Mélancolie brûle pourtant en lettres de noblesse,
Pour Musset, Chateaubriand ou Baudelaire,
Une Maladie du Siècle infinimentTraîtresse,
Possédant le goût de l'absinthe, aussi amère
Et s'échappant en aigres fumées délétères !...


Poursuivant ses proies jusque chez Sartre ou Sagan ;
Kant, illustre Prisonnier de cet aspect subliminal :
Extatique, Extralucide, nous jetant de la cime dans l'abîme,
Et nous projetant allègrement de l'abîme dans la cime !


La Mélancolie atteint Jésus au Mont des Oliviers !...
Le terrible Spleen atteindrait-il le Dieu de l'Univers,
Lorsque, contemplant son Oeuvre et son provisoire Usager,
Il comprend que le Créé rejette toujours l'ascendance du Père !


Néanmoins, n'est-ce pas Vivre ! N'est-ce pas Ressentir,
En-dehors de toute névrose, l'Acuité et le Désir
De notre âme éperdue, fuyant sa Gangue,
Réfléchissant et méditant, jusqu'à en devenir exsangue !...


« SOIS SAGE, O MA DOULEUR ! »


Radeau de mon âme mortifiée,
Erre dans les couloirs ténébreux,
Là où j'enchanterai tes espoirs blessés,
Resplendira le Soleil d'un Au-Delà vertueux !...


L'Orchidée violette, spirituelle et charnelle,
Exhale ses méditations obsolètes,
Son parfum âcre et entêtant, de maquerelle,
Pénètre en notre inconscient qui s'y reflète ;
Lambeaux de ténèbres et de joies
Clairière promise ou Chagrin Roi,
Subtile offense à notre pensée distraite...


Mélancholia cherche dans le noir
Diluée en sa débile bile,
Pourtant tâtonne la prescience de l'Espoir
Notre être aux abois se bâtissant une secrète Ile...


NOELLE ARNOULT
Mercredi 2 Avril 2014
1 h 30 du matin, Châtillon S/ Seine.


samedi 17 juin 2017

VAMPIRISER TON AME

VAMPIRISER TON AME

Oh... Comme j'aimerais vampiriser ton âme,
Que d'autres ont osé voler par vile photo,
Uniquement par biais subtil, arme de dame,
Exacerbée, t'ensemencer de mes doux mots !

D'une onde virginale, éclabousser ta couche
Comme illuminer ton cœur en instant avide,
T'envelopper de baisers en noble escarmouche,
En sente de suave flamme, te servir de guide.

T'habiller, en champs, de rouges coquelicots,
Une fois offerte, en Vestale consacrée,
T'aimer en Magie noire ou blanche, été nouveau,
Sentir, en ton âme, glorieuse herbe remuer...

Je te vampirise absolument, d'un parfum,
Tandis que tu m'aimes, résolument, de roses...
J'ai depuis longtemps quitté, du jour, le chemin,
Tant ne veux geindre sous les douleurs de l'arthrose.

Lorsque ta main effleure la mienne, en osmose,
Mon âme s'envole, en nuées obscures et ardentes,
Célébrant cette hyménée en apothéose
De notre amour aux profondeurs ensorcelantes...

Livré à moi comme un agneau, je te caresse,
Arôme de benjoin en notre dense alcôve.
Ne reviens plus, ma douleur, solitude cesse !
Après le carmin sang, je ne veux que guimauve...

Où est Vénus, Mon Apollon, je ne la veux !
Tant est jalouse ma Passion, telle déesse,
Se suffisant à elle, exigeante en tous vœux,
Tant mon ardeur t'enveloppe en tourment et liesse.

Aspire mon âme, toi aussi, bois mon sang !
Tous mes suintements de bourgeons, de jeunes pousses,
Toute la reverdie d'un soleil irradiant,
Dont tu libères les atomes par cent rescousses...

Mon être, par toi captif, adore ses rets !...
Couvre, de mille baisers, mes mains abandonnées,
Ote mes vêtements, inopportuns apprêts,
Car moi je me jette à tes pieds, énamourée...

Nos pâles bouches emplies de magnolias dormants
Ressuscitent d'efflorescences de purs lys,
Sont plus carminées que vin promis aux amants,
Goûtent le précieux nectar de nos cœurs calices.
Noëlle ARNOULT, Dijon, Mardi 6 Juin 2017, 18 h.

MES OUVRAGES POETIQUES

Pour toute commande de mes ouvrages poétiques parus chez Hugues Facorat, n'hésitez pas à me contacter par mail :
noellearnoult27@gmail.com



LES NUITS

LES NUITS

Et j'irai t'attendre dans les bois, les Nuits de pleine Lune - et les autres- 
J'irai te rejoindre ainsi lorsque l'obscurité descend,
Dans les sentes obscures et bruissantes de vies cachées, minuscules, imaginaires, luminescentes...
Toutes les nuits, j'irai t'attendre sous les feuillus, alanguie sur la mousse des bois !

Et les petites créatures de la forêt et moi nous chuchoterons des secrets …
Et ma main touchera, caressera la terre brune et drue,
Des douceurs âcres de l'humus chuintante des brumes du crépuscule,
Humide et tendre des vapeurs encore chaudes du jour descendant...

Ma poitrine, doucement, se soulèvera, et mon âme halètera,
Songeant à ta voix et à tes mains, attendant mon Roi,
Attendant ta poitrine aux échos insondables, des profondeurs de ton âme,
La force de ton tronc s'enracina dans le sol pour me soulever de mon lit de feuilles.

Et tu me prendras contre toi, me serrera comme un chêne aux glands fournis,
Ton ardent visage irradiant sous le diaphane rayon lunaire,
Des sylphes, dryades, s'esquivant autour de nous comme vents de fournaise,
Jaloux de cette bataille silencieuse résistant seule aux échos de leurs tourments...

Tour à tour translucide et charnelle, en un vent de passion de lointaines collines,
Ma joue exaltée embrassera ta chevelure ruisselante comme ru de saphir,
Ma peau embrasée se noiera sous tes torrents de désir verdoyants et noueux,
Des myriades de gémissements issus de tous les mystérieux bosquets complices.

Noêlle ARNOULT

17 Juin 2017, 23 h 40, Dijon.


vendredi 16 juin 2017

MARIE ET L'ENFANT JESUS

MARIE ET L'ENFANT JESUS
Marie et l'Enfant Jésus
Mains, sur la poitrine, jointes,
Mariés, avec le Ciel, en union assidue,
Mystère, comme en aube qui pointe...
Palpite, cœur divin,
Porté par l'Offrande des anges,
Saigne et aime l'humain,
Sors l'enfant de ses langes !...
Les regards transcendés, extatiques,
Leur brillante parure en dorure,
Leur vermeille bouche séraphique,
Louent et demandent grâce pure...
Passionnée, cette vision,
Prière merveilleuse,
Sublime Emotion,
Saisit notre âme, ravageuse...
Noëlle ARNOULT
Jeudi 7 Juin 2017, 10 h

LA NUIT N'EST RIEN

LA NUIT N'EST RIEN...
Je ne veux pas la nuit,
Je ne désire que ton amour ;
Je ne veux pas de ce qui, là-haut, luit :
Je ne désire que la fin du jour...
Le Crépuscule, mais point le tombeau,
Pas le suaire des ténèbres épandues !
Je veux juste courir dans le ruisseau,
Y tomber, dans tes bras grands étendus...
Je n'ai qu'en pitié le sommeil,
Tous ses songes contraignants,
Je préfère m'emplir de tes merveilles,
Milles fois plus rutilantes que l'Espace-Temps !
Que les Trous Noirs de la Galaxie !
Qui pourtant me fascinent, m'invitent,
De leurs voiles sombres d'infamie..
Où meurent-ils, ces puissants rites ?!..
Mais enfin, ta main m'est un mystère !
Plus diaphane que l'Etoile du Matin,
Plus mystérieuse que la danse de l'Univers,
Plus parfumée que la branche de jasmin !...
T'aimer et t'embrasser dans la nuit
Fait partie des Fêtes orgasmiques...
Je ne peux que brûler ma vie,
Sinon je meurs, d'un trop empirique !
Ainsi escalades-tu mes monts...
Vénus n'a qu'à bien se tenir !
Pourrait-elle briller au plus haut de Sion ?
Rien ne vaudrait un seul de tes soupirs !...
Toi, la Lune, à l'affût et béate !...
Joue-moi la Traviata, le Boléro...
Je n'écouterai pas ta Sonate,
Tant la voix de mon Bien-Aimé me donne le do...
Noëlle ARNOULT
Mardi 13 Juin 2017, Nuit (3 h.)
Dijon

LA GRANDE MINERIADE par le Journaliste-Ecrivain Daniel Dragomirescu, Bucarest, Roumanie.

Voici la publication de l'Article de Dragomirescu Daniel, Ecrivain et Journaliste, Rédacteur en Chef de HLC (Revue universaliste de poésie et littérature contemporaine, lien mail : noellearnoult27@gmail.com), ancien Professeur, concernant les faits tragiques de la Grande Mineriade, à Bucarest, en Roumanie, en des années bien sombres et pas si lointaines...(1990).
Exactions que, bien souvent, la France ignore encore !!!
Au cours desquelles nombre de gens furent tués ou blessés ou portés disparus...
* Contexte social, extrait Wikipédia :
(La Golaniade (en roumain, Golaniada) est le surnom des « manifestations de la place de l'université », un mouvement de protestation qui s'est tenu sur la place de l'Université à Bucarest en Roumanie du 22 avril au 15 juin 1990. Ce mouvement fut lancé par les étudiants et les professeurs de l'Université ... Le nombre de victimes de la Minériade varie selon les sources)
* Article de Dragomirescu Daniel :
.Nos tristes anniversaires
13 – 15 juin 1990, La Grande Chasse à l’Homme
Il existe certaines choses qui nécessitent d'être clarifiées, en détail, concernant la Grande Mineriade...
Ce qui semble plus difficile à comprendre est la manière selon laquelle ont agi a l’époque les forces de répression, qui ne se sont pas limitées seulement à viser, voire chasser, ceux qui étaient connus comme « golans de la Place de l’Université », car ils ont élargi leurs actions contre beaucoup d’autres groupes de personnes. Maltraiter des passants, accostés au hasard dans la rue, semble être une initiative peu plausible et incongrue. En réalité, la chasse à l'homme, dans les rues et les maisons des bucarestois, aux jours de la Grande Mineriade, n’a pas été faite de façon aléatoire, n’a pas été le fruit d'un caprice ou idée instantanée et momentanée.
Durant les quelques mois précédant la Mineriade de juin, tous les participants, permanents ou occasionnels, à la manifestation de la Place de l’Université, ont été espionnés, filmés, photographiés, denoncés, identifiés, enregistrés. À l’appui du pouvoir du FSN (dit « Front de Salut National ») est venue ainsi une multitude de documents oú apparaissaient les noms, prenoms, professions, dénonçant tous ceux qui, entre mars et mai 1990, par conviction, luttaient au nom d’un avenir meilleur pour leur pays, pour l’application du Point 8 de la Proclamation de Timişoara, tout comme les tables nominales de ceux qui étaient inscrits dans le PNL (Le Parti National Libéral) et surtout dans PNŢcd (Le Parti National Paysan Chrétien et Démocrate). Tous ces documents étant tombés finalement dans les mains des forces de répression, qui n'ont certes pas fortuitement cassé et dévalisé les sièges des deux partis démocratiques de l’opposition.
Ceux qui ont été bestialement maltraités et tués dans les rues de la Capitale, en plein jour ou à minuit, les jours tragiques de juin, peuvent être inclus dans plusieurs catégories :
a) Les personnes ayant condamné les agissements des mineurs (vrais ou faux) oú bien ayant exprimé de n’importe quelle autre manière leur désaccord face à cette barbarie (comme fut le cas du Poète Cezar Ivănescu, bestialement maltraité parce que, du balcon de son appartement situé près de la Place de l’Université, sur le Boulevard Magheru, il chahuta un groupe de mineurs et de personnes civiles qui participait aux représailles – et ce n’est qu’un exemple) ;
b) Les personnes figurant sur les listes noires et qui furent poursuivies, espionnées, monitorisées ;
c) Les etudiants (En Ecole d'Architecture, à l’Université...) ;
d) Les gens qui, pour leur malheur, présentaient un aspect dit « intellectuel » (portant barbe et lunettes, vêtus de blue-jeans, etc.) et qui, comme il s’est avéré dans nombre de cas, n'étaient aucunement en relation avec la Place de l’Université, mais qui se trouvaient en place inopportune, dans un moment inopportun (le cas de Mihai Tănăsescu, plus tard ministre dans un Gouvernement PSD, battu par les mineurs, puisqu’il fut pris pour un opposant de FSN).
La motivation profonde, en une telle manière d’agir, est inhérente aux ressorts de la répression politique. Après l’effondrement de la dictature communiste, la peur se devait d'être (re)établie au niveau de toute la société, afin que les facteurs politiques de décision du moment puissent intervenir librement, selon leur propre aveuglement et folie, sans se heurter à aucune résistance significative de la part des citoyens, trop surpris pour pouvoir réagir.
La chasse à l’homme pendant la Grande Mineriade a laissé derrière elle beaucoup de victimes. Le nombre de gens grièvement maltraités s'est trouvé très élevé, mais également le nombre de morts suite aux actions repressives, qui fut considérable. Le chiffre avance, de six morts entre les 13 et 15 Juin constitue une histoire pour enfants. En réalité, le nombre de morts, suite à la répression, s'avère considérablement plus grand. La somme totale des victimes n’est pas bien connu, cependant, on peut avancer des chiffres approximatifs, en corroborant les informations.
IL existe en particulier les temoignages des médecins, qui évoquent un grand nombre de victimes gravement blessées, lesquelles, après avoir reçu les premiers secours, ont refusé de rester à l’hopital bien que les médecins aient craint pour leur survie. Au cimetière Străuleşti 2, situé en marge du nord de la Capitale, dans une zone assez inaccessible, peu de temps après les sanglants événements, on a amené et enterré sans aucune cérémonie funéraire, des dizaines et des centaines de cadavres en putréfaction ; des morts qui ont été enregistrés tout simplement comme “non identifiés” ...(Une formule cachant de terribles méfaits). Străuleşti 2 est un cas connu et révélé, grâce à la presse, mais on sait que des “non identifiés” ont été enterrés, en Juin 1990, également dans d’autres cimetières (comme par exemple dans celui de Domneşti, une commune de banlieue). Toujours selon des temoignages, le Crématoire “Cenuşa” (“Les Cendres”) aurait fonctionné en feu continu ces jours de Juin. IL se trouve aussi des personnes disparues, que l'on soupçonne de se trouver parmi les morts de la Mineriade. Un temoin de l’etranger, qui a voulu garder l'anonymat, évoque, dans ce sens, le cas d’un enfant de 12 ans, abattu pendant la nuit dans la zone de l’Université. Comme le montre l’acte d’accusation émis en Décembre 2016 par les procureurs du Parquet d’auprès la haute Cour de Cassation et Justice, les leaders politiques ayant d’importantes responsabilités dans l’État en 1990 (et après) ont les mains pleines de sang ; mais aussi ceux ayant fait publiquement l’éloge de la répression de Juin 1990 et qui ont une responsabilité d’ordre moral, quelles que soient les circonstances qu’ils invoquent aujourd’hui pour se disculper...
Ion Iliescu condamnait les légionnaires de Corneliu Zelea Codreanu (1899 – 1938), mais ces jours-là, le FSN (fondé par lui) s’était pleinement manifesté comme une organisation terroriste de type bolchévique, qui n’épargnait aucun crime et violence pour conserver le monopole du Pouvoir. De surcroit, sa déclaration de 1990, selon laquelle la Roumanie pouvait rester en continuation un pays totalitaire, mais “conduite par un despote sage” s'avère digne d'une apologie post-communiste !
 Les conséquences de la Grande Mineriade, dans notre histoire récente, demeurent néanmoins d’une gravité exceptionnelle. Dominée par des forces politiques selon lesquelles la vraie démocratie n’a aucune valeur, la Roumanie s'est trouvée reléguée en périphérie du monde civilisé, avec des politiciens vénaux d’extraction communiste, avec un développement économique au-dessous du potentiel dont elle dispose dans les faits, alourdie d' un contingent de plagiaires et d'imposteurs devenus du jour au lendemain des ministres, avec des écoles obligées de plier toujours face au facteur politique, ceci au détriment de la bonne instruction et éducation, avec des hopitaux oú l’on se meurt au lieu de se guérir, avec une florissante corruption, avec un réseau routier public défectueux, entraînant chaque jour son tribut de morts et de mutilés, avec des palais quasiment impériaux, de centaines de milliers d’Euros, côtoyant des dizaines de milliers de personnes socialement assistées, avec des millions de Roumains qui abandonnent leur pays pour chercher une vie plus humaine ailleurs.
Après 27 années, la Grande Mineriade reste encore une blessure ouverte couvrant tout le corps de la Roumanie, d'un voile sanguinolent.
13 Juin 2017
Daniel Dragomirescu
Journaliste et Ecrivain roumain , collaborateur des journaux et revues roumaines importantes, tel que MEMORIA (LA MEMOIRE, REVUE DE LA PENSEE ARRETEE), REVISTA 22, NORD LITERAR.
* BIBLIOGRAPHIE du Journaliste :
Daniel Dragomirescu (Né le 12 Avril 1952, à Bucarest) est un écrivain roumain, auteur d'essais, romans et nouvelles, également journaliste et éditeur. IL est membre de l'Union des Ecrivains Roumains, diplômé de l'Université de Philologie de Bucarest. Le Journal « Teleormanul » (Alexandria, 1971) accueille ses débuts poétiques et le Journal « Pareri tutovene », (2001, Barlad) ses débuts en prose, avec la Nouvelle « Noah's Ark ». IL collabore à différents journaux ou revues : « The literary Romania », « Literary Debates », « The Literary North », « 22 Magazine », « Memory », et autres. Auteur de nombreux livres : « The last Rhapsodie and Other Stories » (Editorial début 2002), « Liviu Rebreanu », « The Novelist and his World » (2002), « Nothing New after the Iron Curtain » (2003, Nouvelle), « The Red Desert » (2004, Nouvelle), « The Sign of the Sickle » (2007, Nouvelle), « The Chronicle of the Theodorescu Family » (2008, Nouvelle), « Intercultural Horizons » (2012, Essai), « The End of a Dictatorship » (2015, Articles), « The Meeting with Cerberus » (2016, recueil de Nouvelles). «The Intercultural Dictionary » (2017). Fut nominé pour « The Prose award of the Jasy branch of the Writer's Union » en Roumanie. En 2016, il reçoit « The Prose Award » du Magazine « The literary North » à Baia Mare. Plusieurs volumes d'ouvrages critiques : « Geo Vasile, Prose and Essay Writers » (Publié chez EuroPress, Bucarest, 2008), « Boris Craciun, 1500 Romanian Writers » (Chez Portile Orientului, Jassy, 2010). Rédacteur en Chef de la Revue « Contemporary Literary Horizons » and coordonnateur à la Collection interculturelle « Bibliotheca Universalis », pour les traductions bilingues ou trilingues.

samedi 10 juin 2017

A L'ENCRE ROUGE

L'ENCRE ROUGE

L'Amour ne peut vivre que dans l'excès,
Un zeste de folie imaginaire,
Ce fil merveilleusement aux aguets
Devant un abîme extraordinaire...

La montagne culmine au plus haut point,
Le gouffre a la plus grande profondeur :
Qu'importent ces outrages en nos lointains,
Bienheureux soient-ils en enlumineurs !...

La Folie brode les esprits ardents,
Peut-on perdre l'esprit quand on le trouve ?
Rien de plus beau que ce feu rougeoyant,
Rien de plus fort que la brûlante louve !...

La Louve du Capitole fonde Rome,
Louves de Machecoul bravent la guerre,
La louve Alpha culmine avec son homme...
Tant les loups hurlent au loup, ardents, fiers !

Amour de Loi trouve ta réjouissance,
Amour de Joie escalade barrières...
Jamais ne signeront ton impuissance,
Tant t'inspirent nuages en leur éther !

Folie de nos cœurs signent à l'encre rouge
Les nobles paraphes en nos tendres chairs,
Nos âmes en cuirasses habillées de vouges
Forment remparts contre raisonnables hères...

Noëlle ARNOULT
14 mai 2017
Minuit, Dijon.




MNEMOSYNE, LAMELLE D'OR ET SUCCUBES

MNEMOSYNE, LAMELLES D'OR ET SUCCUBES
Où vont mes soupirs, où s'acheminent mes rêves ?
Je ne les vois pas, je ne les connais jamais,
Capturés par Mnémosyne, me laissant sans trêve
Seule, comme ravie, par Succube et ses rets...
,
Je geins, cherchant le sommeil qui me fuit sans cesse,
Je ne veux pas de vos Lamelles, même d'Or,
Ni que Source de Lethé me mène à Hadès :
Je préfère vivre sans m'assoupir encore !
Je ne vois pas mon amoureux, ne le sens pas,
Tant mon sommeil s'avère sombre, sans nul songe,
Je ne vis qu'éveillée, survis la nuit sans toi,
Déshabillant noir oracle de ses mensonges.
La lune pâle frapperait-elle de ses cothurnes,
A ma porte, à ma fenêtre aux persiennes closes,
Poséidon, en flots, rirait-il de Neptune,
Que mon âme ne verrait ces merveilles écloses...
Cette nuit-même, un unique rêve revint :
Bordant une enfant grelottant en son divan,
Peut-être moi en sommeil de petit matin,
Evoquant un livre invisible et somnolant...
Noëlle ARNOULT
9/10 Juin 2017, Dijon, 3 h et 9 H.

mardi 6 juin 2017

CLAUDIO COTTOCORNOLA DANS BIBLIOTHECA UNIVERSALIS, PAR DANIEL DRAGOMIRESCU

Collection dirigée par Dragomirescu Daniel, "Bibliotheca Universalis" (Rédacteur en Chef de HLC - Horizon littéraire contemporain) voici la dernière parution :





Préface de Daniel Dragomirescu


ORPHISME, EXISTENTIALISME ET CONFESSION POETIQUE
Dans la perspective esthétique, déclarée et manifeste du symbolisme de Paul Verlaine (1844-1896), l’auteur de l’adage bien connu “De la musique avant toute chose...”, la création poétique est presque un synonyme de l’art musical. La poésie est musique, véritablement, mais elle est aussi confession, «journal» d’une existence et d’une époque.
La création poétique de Claudio Sottocornola comprend une aire thématique vaste et montre une variété de styles remarquable pour un auteur aux multiples aptitudes: littéraires, musicales, éducatives et culturelles. Un véritable “homme universel” de notre époque, mais également un homme de la société contemporaine avec ses inévitables lumières et ombres, ses qualités et ses contradictions. Le livre Jeunesse... adieu!, réparti en neuf unités chronologiques et thématiques (Premiers regards, Recherches, Jours blancs, Prière, Ville et musique, Aquarelles, Cartoon, Moralité, Pensée faible) se présente comme une summa summarum poétique, dans laquelle l’auteur essaye d’offrir aux lecteurs (peu ou nombreux à notre époque) toute expérience de vie et de pensée, de création littéraire et artistique. De façon à faire naître la question légitime: dans ce paysage si fragmenté, ce paysage en mosaïque, quelles sont les lignes de force ? Naturellement comme dans chaque travail artistique de valeur et d’une certaine pertinence, la réponse se trouve justement dans le contexte implicite de la création littéraire.
À un premier niveau de lecture, Jeunesse adieu! est – comme le titre l’évoque – un mémorial nostalgique du passé (plus ou moins récent), de ses différentes expériences (“premiers regards”), et leur transposition poétique avec les moyens inspirés d’un impressionnisme plein de délicatesse et 14

de sensibilité. La capacité de poétiser de l’auteur, un roi Mida ou plutôt un Marco Polo de la versification, capture l’attention depuis le ébut, comme Sergio Endrigo dans ses très célèbres marine (Quand il y avait merL’Arche de Noé): “Les voiliers sillonnaient / arcanes les mers / en accostant / terres orientales / où les mosquées rosées / marbrées étaient, / et les tapis volants...” (Rêve, p. 49). Il y a une musicalité subtile dans cette formule esthétique, qui joue avec les mots “rosee” (rosées) – “moschee” (mosquées) – “marmoree” (marbrées). Dans Révérences (p. 141) la musicalité embrasse tout le texte, qui se prête facilement par ses répétitions, à une interprétation musicale: “...Moi je t’aimais / Moi je t’aimais / comme une algue de la mer / moi je t’aimais / et je me perds (...)”. Les réminiscences nostalgiques de l’enfance et la perspective rétro du temps présent se fondent en Années ’60, fournissant le palimpseste poétique d’une décennie qui a été de multiples façons marquée par l’influence américaine et par ses symboles fugaces, “l’enfant américain”, la musique “yé-yé”, l’invasion présumée des “OVNI” etc., en bref, une évocation concise mais suggestive de l’époque à travers ses “hits” mentaux, sociaux, culturels: “Les années 60 défilaient / en train/ l’enfant américain / le nez en l’air / la nuit tombait mythologique / de étoiles dans le ciel / ...les morceaux yé-yé... / L’Encyclopédie Conoscere / enseignait la Géographie et l’Histoire ...”, etc. (p. 209). Plus proche de nos jours, dans la section troisième avant la fin (Cartoon), on réserve au lecteur une rencontre avec le monde de la post modernité musicale avec un de ses symboles parmi les préférés: “Ce monde qui vient et danse / socquettes blanches en marche / méphistophélès ... / en vols de mouettes (Jackson, / comme le Prince des Lys), / lèvres rouges fines dans la forme / multiplication de lumière / dans la nuit américaine de Milan ...” (Jackson live, p. 277).
Au delà de orphisme, musicalité d’inspiration “décadente” (post-Verlaine) ou simplement du mariage poétique-musical 15

de ces éléments, un autre niveau de la création de Claudio Sottocornola, également significatif, appartient à l’existentialisme, niveau d’inspiration métaphysique et avec des filiations dans la philosophie de Gabriel Marcel et celui qui tient de la création littéraire d’Albert Camus. Cette dimension ne surprend pas, parce que l’auteur est un philosophe de profession (professeur de philosophie et d’histoire dans différents lycées italiens). En ce sens, la réflexion qui précède la deuxième section (Recherche) est une confession existentialiste, qui ne peut pas passer inobservée “... je voulais que ma vie ait une signification dans ses actes et dans son essence...” (p. 69). Cette sensibilité existentielle/existentialiste traverse comme un fil rouge toute la versification de l’auteur, donnant une configuration unitaire à sa création poétique. Un simple acte réitéré de la vie quotidienne est converti en réflexion intérieure, comme dans cette lyrique, réduite dans les notations essentielles quasiment à un aphorisme: “Se réveiller / un matin / jeune / humide / comme si c’était / le premier jour / ... / Dieu, je vis. / Je suis / une mosaïque de lumière ” (Se réveiller, p. 83).
Une poésie existentialiste parfaite, avec l’esthétisme symboliste de Verlaine lui-même, ennemie déclaré de la rhétorique! La section Prière, introduite par un mouvement interrogatif (“A quoi servait la poésie?”), comprend de courts poèmes en prose, où l’inspiration chrétienne mène l’auteur dans le monde du sacré et l’aide à écrire des vers de sensibilité biblique (Oh croix sainte et aimable, p. 185, Jésus, je me sens fatigué et faible, p. 187), de véritables chants liturgiques et des confessions de l'âme.
Mais l’aspect le plus intéressant et le plus représentatif peut-être, dans l’univers poétique de Claudio Sottocornola, se trouve dans son ouverture esthétique à la direction moderniste et même à l’avant-garde de XXème siècle. L’auteur remet en circulation divers thèmes et raisons qui ont déterminé une 16

époque littéraire entière à travers l’avant-garde, en particulier celle qu’on appelle de constructivisme, qui, à Bucarest aussi, a connu un temps de gloire (entre les années 20 et 30). L’univers urbain et tous ses signes distinctifs, qui appartiennent à notre vie quotidienne et post moderne dans le “village global” – les vitrines, les voitures, les bars, l’asphalte, les routes, les autobus, les klaxons, les spots, la IBM, les Adidas, etc. –, sont utilisés pour engendrer de la poésie: “Oh, comme elle est belle la ville / derrière les vitrines d'un bar / comme une pyramide de vols / des klaxons et des autos sur l’asphalte / et de lueurs dans l'air / et la musique dans les oreilles (...)” (Oh, comme elle est belle la ville , p. 195-197).
Donc, “Claudio n'est pas un artiste improvisé (...), il exprime un monde intérieur lié au savoir et à la spéculation philosophique ”, comme l'écrit Donato Zoppo dans l'épilogue de Jeunesse ... adieu!. Mais, à la lumière des considérations évoquées ci-dessus, nous pourrions ajouter: lui est aussi beaucoup beaucoup plus...