Serions-nous tous parfois un peu "Stoïques" voire, à tort, atteints de "dolorisme", la Préface d'un ouvrage sur Epicure rappelle ces choses simples, pour le bonheur de notre existence :
"Etre heureux est tout un art, et ce qu'Epicure entend apporter à l'homme, c'est la méthode du bonheur. La Lettre à Ménécée est, de ce point de vue, un traité de la méthode. A quoi tient l'absence de bonheur ? Qu'est ce qui rompt l'équilibre de l'âme et empêche la sérénité ? Rien d'autre que la crainte, l'insatisfaction et la douleur, .Crainte des dieux, de ce qui vient après la mort,désirs que rien ne comble, douleurs physiques. Or il est possible de supprimer la crainte des dieux par leur connaissance, de supprimer la crainte de la mort par la connaissance de l'âme et de ce qu'elle devient après la mort, enfin de faire rentrer les désirs dans leurs limites naturelles (où ils sont aisés à satisfaire) par la connaissance de notre nature et de l'organisme humain. Reste, il est vrai, la douleur."
Même si je ne suis pas trop d'accord avec le reste de l'analyse épicurienne :
- âme matérielle, donc se dissolvant à notre fin terrestre ;
- dieux "extra-mondains" (en-dehors du monde) ;
- Monde existant de façon arbitraire ;
- nullité de la peur de la mort ou plutôt aucun espoir de "vie" après la mort selon les Epicuriens :
- valorisation du non attachement (plaisirs vagabonds et passagers au lieu du bel amour, à la Chrétien de Troyes,
- Prônant à tout prix une sorte d'indépendance égoïste, alors qu'il suffirait de valoriser l'indépendance d'esprit.
et finalement avec TOUT le détail de l'optique épicurienne,
je retire cependant l'aspect POSITIF de la recherche et de la mise en pratique de l'ETAT de Bonheur par la satisfaction de nos désirs et souhaits propres les plus élevés et doux à notre âme, par la vision surnaturelle, justement, à contrario, des dieux et des hommes qui veulent bien se hisser jusqu'à l'Echelle de Jacob.
J'y adjoins les plaisirs de notre corps qui ne doit pas être martyrisé sur terre sans sombrer alors dans l'esclavage, et la perfection de son état heureux qui a été voulu par Dieu lors de sa création.
D'où le "dolorisme" ne peut pas être chrétien, puisque même Jésus a voulu rejeter cette souffrance lorsqu'il se trouvait sur la Croix.
C'est pourquoi, dans la Bible, il est bien dit que le Malheur ne perdure :
Après la souffrance, l'homme peut COMPTER trouver le bonheur et la joie en équilibre, tant que la vie lui est accordée.
Il s'agit en quelque sorte d'un privilège accordé à l'homme.
C'est pourquoi il est dit dans l'Ecclésiaste :"Le Temps"
(ce que d'aucuns ont pu prendre pour de la "résignation", mais non pas du tout, au contraire, ces mots ont valeur d'espoir):
"Tout ce qui se produit sur la terre arrive en son temps.
Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir ; un temps pour planter et un temps pour récolter ; un temps pour démolir et un temps pour construire.
Il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire ; un temps pour gémir et un temps pour danser ; un temps pour jeter des pierres et un temps pour les ramasser ; un temps pour donner des baisers et un temps pour refuser d'en faire ; un temps pour déchirer et un temps pour coudre ; un temps pour se taire et un temps pour parler ; un temps pour la guerre et un temps pour la paix" etc.
"Dieu a établi pour chaque événement le moment qui lui convient. Il nous a donné aussi à la fois le désir de connaitre à la fois le passé et le futur. Pourtant nous ne parvenons pas à connaitre l'oeuvre de Dieu dans sa totalité. J'en ai conclu qu'il n'y a rien de mieux que d'éprouver du plaisir et de vivre dans le bien-être. Lorsqu'un homme mange, boit et jouit des résultats de son travail, c'est un don de Dieu.
J'ai compris que tout ce que Dieu a fait existe depuis toujours; il n'y a rien à ajouter ni à y retrancher. Ce qui arrive maintenant comme ce qui arrivera plus tard s'est déjà produit. Dieu fait que les événements se répètent"
Plus loin :
"Alors mange ton pain avec plaisir et bois ton vin d'un coeur joyeux, car Dieu a déjà approuvé tes actions. En toute circonstance, mets des vêtements de fête et n'oublie jamais de parfumer ton visage. Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, chaque jour de la brève existence que Dieu t'accorde. C'est là ce qui te revient pour la peine que tu prends ici-bas. Utilise ta force à réaliser tout ce qui se présente à toi."
Plus loin : "L'être humain ne sait pas quand viendra le malheur" etc.
Donc, voici le plus beau des Carpe Diem,
Epicure et ses "sbires" n'ont rien inventé.
Au XI ème siècle av JC, l'Ecclésiaste donne plus belle profondeur au Carpe Diem et à un épicurisme avant gardiste.(qui lui date seulement du 4ème-3ème siècle avant J.C.) Tout en stigmatisant l'existence humaine comme "vanité des vanités", il reconnait la valeur de l'âme humaine, de Dieu et de l'Amour, mais aussi le droit au bonheur pour l'être humain et à jouir des plaisirs de l'existence, que Dieu lui accorde en "Roue qui tourne" !
La terre à la terre, (en rendant à "César ce qui est à César, finalement) avec notre transcendance, qui fait que la terre à son apogée possède le plus beau des parfums et ne nous fait pas que Poussière...
Cependant, oui, l'exaltation de notre être entier, fatalement "à fleur de peau", tant est que nos sens (sensorialité) ont à voir avec notre sensibilité profonde, chez tout être qui ne procède pas de la brute !....
D'ailleurs, s'il faut tenter de devenir 'angélique"ou presque, pour se rendre l'existence plus agréable et heureuse, l''angélisme" lui pèche par excès, tant est que "Qui veut faire l'Ange fait la Bête" ainsi que l'a dit Pascal. Cependant, un épicurisme mal compris ou excessif (d'où mon développement) transforme l'homme en bête en le cantonnant uniquement à la terre et à son limon ou à la fange.
Voici l'Ecclésiaste approbateur !
Cependant: la terre, l'eau, l'air et le feu sont si beaux de leurs empreintes en nos âmes et en nos corps que nous pouvons, Dieu merci, être le plus heureux possible en cette vie, surtout avec les désirs ardents de l'Amour et de l'Art..Ou sont peintes les couleurs de l'existence !
Voici un épicurisme bien compris !
Car ce n'est que sans couleurs que notre vie deviendrait absolument terne et inconfortable alors que le prisme de l'arc-en-ciel a été placé, bien heureusement, dans nos yeux et notre coeur ouvert !.