TOUR
D'IVOIRE
Qui
m'aimera ?...
De
ma Tour d'Ivoire,
Je
scrute les nuées ombragées,
Ma
longue chevelure écartelée, noire,
Devenue
sombre, si noire,
En
de tristes soirs...
Comme
de multiples deuils
Consommés
sur, de l'amour, le seuil...
Ma
chevelure d'offrande et de tendresse
Enchevêtrée
de fleurs d'Héliotropes, abondantes,
De
Lotus, Jasmins et roses odorantes,
Sera
tissée d'ensorceleuses tresses
Où
les onguents de l'hyménée
Se
glissent, habiles vainqueurs-nés,
Me
transfigurant en une puissante Circé,
Considérée
comme une déesse, par Homère,
Magicienne,
de par ses poisons amers,
Ayant
capturé même Ulysse, épousailles pleines de fécondité...
Qui
embrassera mon cœur,
Parfois,
sous la peau nue, si lourd,
Et
soulèvera mon âme d'allégresse
En
comblant mon corps de douceurs
Cependant
que, de la cérémonie de l'amour,
Je
serai la grande prêtresse...
Nous
serons, aux jaloux, rendus sourds,
Puisque,
l'un de l'autre, serons dans les bras ;
Quand
bien même ce n'est point pour toujours...
Celui
qui désirera être mon Roi...
… L'Amant
du Passé a fui
Envolé
dans la nuit ;
L'Amoureux
du Présent,
Comme
le brouillard, inconsistant ;
Celui
du Futur, simple Rêve ,
Ne
s'apparente qu'à une trêve ;
Il
nous permet, ce songe,
De
croire à des mensonges,
Évite
que l'on capitule,
Souhaite
que l'on affabule...
… Mon
long cou blanc,
Glorifié
ainsi que dans « Le Cantique des Cantiques »,
Est
prêt à recevoir tes baisers de sang,
Taches
rouges, comme pacte romantique...
Devrais-je
emprunter
L'Antique
Porte d'Ivoire
Pour, aux
songes trompeurs, croire,
Etre
pleinement révélée,
Ainsi
que l'avait fait Enée !...
Sortir
ou m'enfermer
En
cette Tour d'Ivoire,
Où
les âmes isolées font leur histoire …
« Où
Vigny, plus secret...
Avant
midi, rentrait » ;
Là
où le Poète soigne ses blessures,
Là
où je peux encore garder fière allure,
Songeant
au Cantique, afin que mon sein
« Soit
parfumé de précieux vins » ;
Que
mon corps, « recouvert de Lys et de Froment,
Présente
ses deux seins, semblables à deux faons » ;
A
cet abandon sensuel et total,
Où
n'existe pas, de la souffrance, le mal...
… Au
plus haut de la Tour
Me
saisit l'Ivresse de « l'air pur des solitudes »,
« L'oubli
dans la coupe d'or des Légendes » ;
Ainsi
sommes-nous, Nerval et moi, dans nos turpitudes,
Dans
le secret de nos offrandes,
Ivres
de Poësie et d'Amour....
NOELLE
ARNOULT
Vendredi
28 Décembre 2012
3
h
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire