LA POESIE PRESENTEE AUX
JEUNES
Nous pouvons discourir
à l'infini au sujet de la Poésie, d'ailleurs, à chaque fois que
j'en parle, la chose semble se présenter différemment. Ce domaine
apparaît aussi vaste que l'Océan, et la Poésie, elle-même, aussi
profonde que notre âme.
D'emblée, le sujet est
lancé : aussi profonde et vaste que la mer, la Poésie s'allie
à l'Imaginaire, les Sylphes de l'air, chers à Hugo et aux écrits
romantiques :
Les songes habillent
nos pensées de belles formes et couleurs ; cet élément Air
semble l'élément propice à l'Inspiration.
Gaston Bachelard, un de
nos grands philosophes, a d'ailleurs écrit plusieurs essais sur ce
symbolisme : « L'Air et les Songes » , « L'Eau
et les Rêves »...
Nous commençons à
trouver quelques mots-clés concernant la Poésie, s'il en existe ;
elle se rattacherait à l'Eau (ou monde de l'Inconscient, du « Retour
aux sources », par excellence, de la Gestation et de l'Enfance)
et à l'Air, principalement, monde, lui, des Rêves et des Songes,
des Fées éthérées en mouvement dans l'Espace, des Elfes, des
Sylphides, l'Imagination, proprement dite. Ensuite, l'Elément Feu
nous propose aussi la Salamandre, comme animal initiatique, (très
symbolique car résistant au feu, prouvant ainsi, selon St Augustin,
la résitance humaine à la mort) ; il demeure avant tout
l'élément de la Flamme au sens de généreuse chaleur, donc de
Passion, par extension, enflammant notre esprit... Nous n'évoquerons
pas l'aspect terrien, se rattachant, comme chacun sait, plutôt au
monde matériel, même si les forces telluriques produisent des ondes
ou des énergies, de par leur magnétisme.
Tout ceci existe ou
préexiste à, ou dans, la Poésie (Telles les « Idées »
dans le monde de Platon ? D'ailleurs, s'il chasse les poètes de
la Cité, Socrate nous informe que la Poésie est inspirée par les
dieux), selon les traditions de la Grèce Antique, de Thalès ou
d'Aristote, actualisées, donc, et développées par Bachelard, qui
n'hésite pas à citer Joubert dans une de ses introductions :
« Les poètes doivent être la grande étude du philosophe qui
veut connaître l'homme » ! ...
Justement, nous ne
maîtrisons pas tout ; il serait présomptueux, orgueilleux, de
le croire et de le prétendre. IL est certain que la poésie conserve
un aspect extraordinaire et mystérieux, et c'est là où l'on peut
parler de cette étrange Alchimie pénétrant notre âme et présidant
à notre écriture. Nous nous en apercevons clairement au cours de
l'écriture dite « automatique », même s'il s'agit
quelquefois uniquement de subtiles « correspondances » ou
de quelques vers dans un poème...
A ce titre, nous
pourrions aussi évoquer les Muses, au nombre de neuf, (depuis
Hésiode ) que, depuis l'Antiquité grecque, nous pensons à
l'origine de notre imaginaire poétique et même artistique, en
général, fruits de neuf nuits d'amour entre Zeus et Mnémosyne
(Personnification de la Mémoire), et qui dansaient avec Apollon,
lors des fêtes sur l'Olympe...
Les Muses gouvernent et
illuminent tous les Arts, en enchantant nos esprits, principalement
Euterpe à la musique, Erato à l'élégie (poésie lyrique avec un
ton plaintif, de souffrance, amoureuse ou autre), Polymnie à la
poésie lyrique, en général (Eloquence un peu rhétorique :
science et art du discours), Calliope (Egalement Eloquence mais dans
la poésie épique (Epopée narrant des exploits ou aventures de
héros...), Terpsichore, pour la poésie légère et la danse,
Thalie, pour la poésie pastorale. (chantant l'harmonie entre l'homme
et la nature).
En particulier dans
« Nuit de Mai », nous observons un dialogue entre la Muse
et l'auteur ; la Muse s'adresse ainsi à Musset, brisant son
marasme, son découragement et sa solitude : « Poète,
prends ton luth et me baise ». A la fois Amoureuse et
Inspiratrice, elle sauve et subjugue l'écrivain...
Le genre poétique
revêt différentes aspects : versification, forme... Cependant,
qu'elle soit classique ou plus moderne, le point commun reliant tous
ces poèmes écrits depuis la nuit des temps, serait sans doute :
une sincérité émanant de l'âme, une Emotion subtile ou violente
mais toujours Vraie. Car on ne peut mentir en vers ! C'est un
accent unique de l'âme.
En tant que Sincère,
la Poésie se rattache aisément à l'enfance, à tous les potentiels
créatifs et les pures sensations éprouvées par le jeune âge, à
cet Imaginaire foisonnant, aussi.
L'Enfance porte souvent
en elle tous les talents : dessin, peinture, écriture rêvée,
fantaisiste ou nostalgique, sentimentale... A nous de savoir
conserver ces talents, voire de les développer cependant il faut
aussi lutter pour « garder son âme d'enfant » dans un
monde devenu plutôt matérialiste, savoir OUVRIR nos yeux et notre
cœur. Ne surtout pas fermer la porte de ce monde fantastique que
nous portons en nous.
IL est d'ailleurs à
remarquer que la Poésie est Universelle, qu'elle a existé de tous
temps... Et, cependant, encore plus étonnant, chaque poème s'avère
différent, possède un charme ou des accents particuliers, même si,
par exemple, des millions de poèmes ont certainement été écrits
sur l'Amour ou l'Amitié, ou la Nature...
Ceci parce que, si les
Muses nous inspirent, nous y mettons notre accent et expériences,
ressentis particuliers...
La Poésie s'avère
très libre car elle permet d'exprimer toute idée, même saugrenue,
de manifester en temps de guerre, de marquer les esprits ; elle
ne possède aucune limite, peut s'exprimer au sujet de la Terre, du
Ciel ou des Enfers, sur des visions totalement extravagantes, tel que
le permet le symbolisme ou le surréalisme...(Rimbaud, André
Breton) ; elle peut parodier ou raconter des faits héroïques,
historiques, etc.
Cette écriture permet
d'exprimer tout le champ de nos émotions subtiles ou brûlantes ;
en tant qu'Art, elle peut s'apparenter à la Beauté ou l'Idéal,
aussi bien par le sujet que la versification (« Classicisme,
Romantisme ») que devenir déstructurée, dans la Poésie
Libre. Cependant, elle nous touchera toujours, pourra nous parler à
tous !...Ces écrits concernent et intéressent l'humain dans
sa globalité... Ce sont de véritables condensés, des bombes de
sensibilité.
Serait-ce le Meilleur
de l'Homme ? Selon Georges Pompidou, dans son « Anthologie
de la Poésie française », elle se définirait ainsi : « tout
ce qui paraît digne et capable de provoquer chez le lecteur le choc
de la beauté » (Je dirais, par extension : un
Frémissement intérieur ; une sorte de Grâce ajoutée à
l'être humain ; une Vision intérieure et intériorisée,
rendue publique, ensuite, en quelque sorte).
Cette « vision »,
comment apparaît-elle ?
En ce qui me concerne,
concernant l'élaboration poétique, je distinguerais plusieurs
éventualités, sans aucune restriction ou généralisation, au
contraire : soit « l'Inspiration » peut s'avérer
soudaine et impérieuse (il faut vite obéir à la Muse et prendre
des notes, comme sous ses ordres, et même parfois se relever la nuit
ou cesser toute activité pour la suivre...), soit il peut s'agir
d'impressions vagues mais persistantes qui nous habitent et demandent
à prendre forme, nécessitant un peu de temps, une maturation
progressive ; ou, enfin, le travail poétique peut s'avérer
certain, voire devenir réellement laborieux, nécessitant des
recherches, en particulier si l'on se réfère à l'évocation de
faits historiques, culturels, nécessitant des indications précises,
des repères dans le temps... Nous n'avons pas toujours « la
science infuse », en tous domaines ! Cependant, la
fluidité du résultat nous satisfera, ainsi que le lecteur !...
Tout demeurera plaisir aux yeux de la Muse !...
IL est d'ailleurs à
noter que, en référence à ce résultat plaisant et remarquable,
de par son intégrité aussi certainement, et une puissance générale
s'en dégageant, la Poésie se retrouve dans tous les genres
littéraires, du théâtre à la chanson, et, par extension, dans
tous les arts : peinture, sculpture, cinéma ou photo. En effet,
l'effet poétique peut se remarquer dans un choc visuel, dans une
sensibilité particulière, dans des impressions dégagées et
ressenties, par des couleurs et formes parlant à notre Imaginaire..
IL s'agit d'une
Harmonie Universelle et Intemporelle, nous permettant de tout
habiter, du brin d'herbe à l'âme d'Autrui ; en
deviendrions-nous démiurge ?... Cette « écriture
visionnaire » nous permet également de vivre sans solitude
même si, par contre, nous pouvons nous sentir « solitaire »
parfois, ressentant (ou jouant) de ce sentiment d' « étrangeté »,
en réalité, sensation hautement appréciable et magnifique,
enviable ! Cette plénitude excentrique et parfois torturante
nous assure plusieurs existences, nous arme de chevaux impétueux et
de moulins à vent glorieux pour lutter contre Chronos et la fuite du
Temps !...
La Poésie assume
aussi (ou ainsi) le rôle d' Exutoire de l'Homme (servant à le
délivrer d'un trop plein d'émotions, positives ou négatives) et de
Rédemption (sa progression et le rachat de sa petitesse et de ses
erreurs).... Au titre d' « échappatoire » :
une distraction bénéfique, une vraie Evasion satisfaisant à
l'envie de légèreté, d'amusement et de Fantaisie... Permet
d'oublier le malheur, d'enjoliver l'existence...(En ces
circonstances, l'admirable expression et titre de Milan Kundera, « L'insoutenable légèreté de l'Etre », trouve tout son
sens...)
Cette écriture offre
un réel Voyage dans le temps et dans l'espace.
Grâce à sa toute
puissance, la Brute se transforme en Ange...L'agressivité trouve une
plus grande force dans la douceur et la réflexion. Presque une
méditation, quelquefois...Une Philosophie, une Intelligence.
Elle revêt une grande
importance dans notre Culture et notre Patrimoine.
C'est pourquoi les
Ecoles l'enseignent depuis toujours : en plus de son aspect et
contenu agréables, la poésie symbolise toute l'existence et le
cheminement de l'Homme, telle une Perle ou un Diamant précieux de la
Littérature.
Noëlle ARNOULT (19
Janvier 2016, Minuit)
Ecrit pour le Collège.