LES YEUX D'OPHELIE
Les yeux moribonds d'Ophélie m'ont
appelée,
M'a interpellée, sa prunelle de
noyée,
Au milieu d'indifférents, blafards
nénuphars,
Un regard glauque, étrange, issu de
nulle part...
Soudain vivant, soudain attirant,
« viens me suivre,
Jouons en flots profonds, noirâtres,
à nous poursuivre,
Quitte ce monde cruel, mensonger,
sans âme,
Goûte avec moi cette ivresse,
prends lourdes rames...
Irions-nous vers le Styx que je
t'aimerais, moi,
Au contraire de ceux que tu baptises
Roi,
Si innocemment, cruellement
fourfoyée,
Leur bâtissant un Palais, eux
venant l'été,
Viens, je t'assigne à résidence en
marécage,
Car c'est en tourbe que l'on trouve
les plus sages,
Là où bouillonne une vie touffue,
crapuleuse,
Là où l'on s'aime pour de vrai,
sans nébuleuse... »
Hystérique, je plongeai, la suivis,
maudite,
Expiant, regrettant mes amours
mortes, interdites...
Elle me prit, clouant mes bouches et
yeux en cloaque,
Si bien que, pour toujours, j'en eu
le cœur patraque...
Noëlle ARNOULT
Dimanche 3 décembre 2017
Dijon, 21 h 30.
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