mercredi 13 décembre 2017

LES YEUX D'OPHELIE

LES YEUX D'OPHELIE

Les yeux moribonds d'Ophélie m'ont appelée,
M'a interpellée, sa prunelle de noyée,
Au milieu d'indifférents, blafards nénuphars,
Un regard glauque, étrange, issu de nulle part...

Soudain vivant, soudain attirant, « viens me suivre,
Jouons en flots profonds, noirâtres, à nous poursuivre,
Quitte ce monde cruel, mensonger, sans âme,
Goûte avec moi cette ivresse, prends lourdes rames...

Irions-nous vers le Styx que je t'aimerais, moi,
Au contraire de ceux que tu baptises Roi,
Si innocemment, cruellement fourfoyée,
Leur bâtissant un Palais, eux venant l'été,

Viens, je t'assigne à résidence en marécage,
Car c'est en tourbe que l'on trouve les plus sages,
Là où bouillonne une vie touffue, crapuleuse,
Là où l'on s'aime pour de vrai, sans nébuleuse... »

Hystérique, je plongeai, la suivis, maudite,
Expiant, regrettant mes amours mortes, interdites...
Elle me prit, clouant mes bouches et yeux en cloaque,
Si bien que, pour toujours, j'en eu le cœur patraque...

Noëlle ARNOULT
Dimanche 3 décembre 2017

Dijon, 21 h 30.

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