LES
ENTRAILLES DE PARIS
Un
ventre gargantuesque,
En
une situation ubuesque,
« Ventre
affamé n'a pas d'oreille »
Cependant
combien l'odorat aime l'oseille !...
Bâties
sous L'Ambitieux Napoléon,
Rutilantes
de dix Pavillons,
Un
nouveau Monde surgi de nulle part,
Aux
consistances et senteurs pures et rares...
Une
surprenante Civilisation Moderne,
Dont
s'enorgueillit une soif de balivernes,
Pourtant
jamais à regretter...
Empire
foisonnant, un véritable Vivier !
Une
coupe de mûrs fruits bigarrés, gigantesque,
Des
dépouilles jetées ci-et-là de façon grotesque,
Un
immense parvis d'animaux et de jattes,
Epices
odoriférants et caissons à millepattes...
D'un
côté, les Halles grassouillettes
Qui,
de saveurs et couleurs, éblouissent les mirettes,
De
l'autre abord, la Cour des Miracles,
Où
l'on dîne de tristes restes, quel spectacle !
Les
Bourgeois y côtoient la Bohème et les paysans ;
Au
pied de Notre-Dame ne s'aventurent que quelques manants !
L'agitation
du Nouveau Grand Siècle foisonne,
Comme
une impétueuse rivière qui poissonne...
Un
siècle riche, fécond, de talentueuse terre
Où
le tablier fait le moine, ce Naguère
Où
le Boucher le porte rouge, le boulanger blanc,
Où
les mains s'avèrent larges et costaudes, où l'on sue eau et sang...
Commencés
aux Champeaux, dans l'Ile de la Cité,
En
Place de Grêve, condamnés les Marchés !
Ressuscités
par Victor Baltard et Félix Callet :
Les
Halles n'ont cessé de croître et prospérer...
Le
« ventre affamé n'a point d'oreilles »,
Cependant
s'avère séduit par la menthe et l'oseille,
Chocolat
du Mexique, Exotiques délices à ouvrir l’appétit ;
Sous
l'appel du rémouleur et du vitrier, lancinantes litanies...
Les
roues s'entrechoquent, sous le grincement du bois,
Un
vacarme incessant qui séduit et révulse Zola,
Tandis
qu'Hugo va, sous Notre-Dame, fouiller,
Et
que Balzac écrit, en son cabinet, volontaire prisonnier...
Les
bras musclés et velus, au torse court,
Défient
les lois de la nature sans secours,
Tandis
que des femmes légères troussent leurs jupons,
Sous
les huées de la foule et, des maris, les jurons...
Des
tomates écrasées signent, au terrible sang,
L'arrêt
de mort de cette comédie au ventre opulent,
Que
voitures et fumées, impitoyablement, envahissent,
Somptueuse
demeure où les lueurs de l'Aube dérisoire pâlissent...
Noëlle
ARNOULT
Commencé
7 Octobre 2015
Amphi
Dijon,
Achevé
Bus Dijon-Châtillon,
10
Octobre 2015, 13 h 30.
Les Halles, Paris, Doisneau
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