vendredi 9 octobre 2015

POEME LES ENTRAILLES DE PARIS

LES ENTRAILLES DE PARIS

Un ventre gargantuesque,
En une situation ubuesque,
« Ventre affamé n'a pas d'oreille »
Cependant combien l'odorat aime l'oseille !...

Bâties sous L'Ambitieux Napoléon,
Rutilantes de dix Pavillons,
Un nouveau Monde surgi de nulle part,
Aux consistances et senteurs pures et rares...

Une surprenante Civilisation Moderne,
Dont s'enorgueillit une soif de balivernes,
Pourtant jamais à regretter...
Empire foisonnant, un véritable Vivier !

Une coupe de mûrs fruits bigarrés, gigantesque,
Des dépouilles jetées ci-et-là de façon grotesque,
Un immense parvis d'animaux et de jattes,
Epices odoriférants et caissons à millepattes...

D'un côté, les Halles grassouillettes
Qui, de saveurs et couleurs, éblouissent les mirettes,
De l'autre abord, la Cour des Miracles,
Où l'on dîne de tristes restes, quel spectacle !

Les Bourgeois y côtoient la Bohème et les paysans ;
Au pied de Notre-Dame ne s'aventurent que quelques manants !
L'agitation du Nouveau Grand Siècle foisonne,
Comme une impétueuse rivière qui poissonne...

Un siècle riche, fécond, de talentueuse terre
Où le tablier fait le moine, ce Naguère
Où le Boucher le porte rouge, le boulanger blanc,
Où les mains s'avèrent larges et costaudes, où l'on sue eau et sang...

Commencés aux Champeaux, dans l'Ile de la Cité,
En Place de Grêve, condamnés les Marchés !
Ressuscités par Victor Baltard et Félix Callet :
Les Halles n'ont cessé de croître et prospérer...

Le « ventre affamé n'a point d'oreilles »,
Cependant s'avère séduit par la menthe et l'oseille,
Chocolat du Mexique, Exotiques délices à ouvrir l’appétit ;
Sous l'appel du rémouleur et du vitrier, lancinantes litanies...

Les roues s'entrechoquent, sous le grincement du bois,
Un vacarme incessant qui séduit et révulse Zola,
Tandis qu'Hugo va, sous Notre-Dame, fouiller,
Et que Balzac écrit, en son cabinet, volontaire prisonnier...

Les bras musclés et velus, au torse court,
Défient les lois de la nature sans secours,
Tandis que des femmes légères troussent leurs jupons,
Sous les huées de la foule et, des maris, les jurons...

Des tomates écrasées signent, au terrible sang,
L'arrêt de mort de cette comédie au ventre opulent,
Que voitures et fumées, impitoyablement, envahissent,
Somptueuse demeure où les lueurs de l'Aube dérisoire pâlissent...


Noëlle ARNOULT
Commencé 7 Octobre 2015
Amphi Dijon,
Achevé Bus Dijon-Châtillon,

10 Octobre 2015, 13 h 30.


Les Halles, Paris, Doisneau

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