jeudi 21 mars 2019

ANTHOLOGIE POETIQUE FRANCAISE CONTEMPORAINE II


L'ANTHOLOGIE POETIQUE FRANCAISE CONTEMPORAINE II
SORTIE PROCHAINE


Très prochainement sort notre Anthologie Poétique Française Contemporaine 2, (Chez BIBLIOTHECA UNIVERSALIS, traduction en roumain de Daniel Dragomirescu) incluant ces nombreux et talentueux Poètes :
Ernest Kavege (Togo), Marie Cholette (Québec), Dana LangGeorges de RivasPierre MonfortPascal DagueRomain Suerte-Boulmé, Frederic Fort, Josette Gallou et Jean-Sylvestre Thépenier, Rosa FavellaJacklynn Beckman Fieschi...Et Noelle Arnoult !...Qu'on me pardonne si j'en oublie), ainsi que quatre auteurs anglo-saxons amoureux de la langue française ayant tenu à y être présents, comme Douglas Lipton, J.M. White, Grégory Gregory Vincent St Thomasino, Neil Leadbeater.
(Vous pouvez me la demander par mail par avance :
noellearnoult27@gmail.com , merci !)
En voici la Préface :
PREFACE POUR ANTHOLOGIE POETIQUE FRANCAISE 2
Suite au succès et à la richesse de notre première Anthologie Poétique Contemporaine française, nous avons décidé de continuer ainsi sur belle lancée, sur ce noble fleuve poétique,
certains Poètes nous suivant à nouveau, et d'autres récemment comme résolument embarqués.
Des Poètes anglo-saxons, américains, admirateurs de la France et de notre littérature, ont voulu nous rejoindre, de même qu'Ernest Koffiga Kavege, Togolais, Chantre de la solidarité, de la fraternité, à l'instar d'un Léopold Sédar Senghor, de ce que l'on a pu nommer « négritude », par certains aspects mais, par d'autres, consacré en littérature française, en ce pays africain ayant toujours comme langue officielle le français. Par ailleurs, riche de ses études supérieures de Philosophie, Professeur, il constate et dénonce, s 'appesantit sur les illusions et désillusions de son pays, (« On n'est pas toujours heureux chez soi », « on n'est pas toujours à l'étranger roi », « Exil ») où règnent corruptions et malversations, misères, comme il évoque toute nostalgie et admiration d'une âme simple et pure, gorgée aussi de beautés africaines. Sobre comme sentimental, sensible, il consacre aussi ici un poème à la noblesse de la femme, en images de jolis fruits et récipients de « calebasse » et en instrument musical de « balafon » (« Saine Sensualité »), toujours avec respect : « Pour son amour, je ne suis guère infâme ».
Concernant nos Ecrivains originaires des Etats-Unis, nous remarquons un langage poétique à la Kerouac, moderne, rythmé et de style se rapportant à une prose spontanée, en versification libre, d'un avant-gardisme ayant existé dès le début du 20ème siècle en Amérique, (Chefs de file : T.S. Eliot, Ezra Pound...) écrits liés à ses nombreuses évolutions sociétales, économiques, soumis à différentes influences hispaniques, afro-américaines, sous l'apport de plusieurs groupes sociaux ; poésie toujours remise en question et réactualisée, innovée en programmes universitaires d'«Ecriture créative ».
Il s'agit de se libérer de tout un carcan, conventions sociales, religions, comme un Kerouac qui utilisa drogues diverses, marijuana, et se reconnut dans le bouddhisme, en frénésies de voyages et de musiques, comme au cœur de lui-même.
Un style psychédélique, d'images fortes, métaphoriques pour Grégory Vincent St Thomasino : « le facteur arrive, dans chaque main un poignard gainé de lin blanc » (« Tue-moi ») ainsi que musical (si lié aux sonorités et inspirations musicales qu'un Dylan s'en inspira ; ainsi J.M. White évoque Elton John (Poème 3) et dit, en parlant des poètes : « nous avons besoin des enfants de Witman qui dévissent les portes des chambranles » (« Poème 2).
En ce qui concerne les Britanniques, la poésie, libre aussi, utilise quelques semblables procédés et des formules en « Kenningar » (un héritage scandinave, en courtes périphrases très imagées) comme pour Douglas Lipton (« Corbeau Sapiens ») ou Neil Leadbeater (« La Fragilité des Phalènes »), poème entièrement métaphorique de l'existence humaine comme des éphémères papillons de nuit : « Voler une heure de plus » « et vous avez ressenti pour eux ce que c'est que d'être vert et vulnérable »...Avec un peu plus de classicisme et rêverie romantique chez eux, comme pour Douglas Lipton (« Les Anges »), écrit où il reçoit la visite d'êtres angéliques, vision féerique comme matérialisée, cependant, lui évoquant ses chers disparus, comme un monde englouti par le modernisme. Il se déclare prêt « à partir avec eux »...
Quant à Marie Cholette, Québécoise, elle procède d'une poésie très riche et intuitive, extrêmement sensible, et perpétuellement mystique, incline à la métemspychose sous-jacente : « rapt de mon être par des voiliers d'oies blanches » (« Rapt de mon être par les oies blanches »)Elle se trouve en symbiose totale avec l'animal, la nature, l'humain également et bien plus qu'en empathie car tout naît et plonge en l'Amour : « les niveaux de mon fleuve / de ma lumière intérieure s 'élèvent/ et je déborde vers toi/en une pluie argentée de rayons» (« Mon Amie-sœur »). On assiste aussi, en ce même texte, à une symphonie aussi bien auditive qu'olfactive (« Des odeurs insistantes de sapinages en hiver », « des odeurs te reviennent ») et on se berce, chez Marie Cholette,' d'une mélodie extravagante, bouleversante au possible : « J'entends un violoncelle/accompagné de cordes et de vents/qui s'en sont amourachés/et les rythmes jouent de lenteur» (« Rapt de mon être par les oies blanches »).
Tous nos Poètes de France bénéficient à la fois de notre héritage culturel propre, comme de leurs particularités, la poésie française ayant toujours bénéficié d'une grande variété formelle et thématique, en privilégiant traditionnellement la versification, établie peu à peu avant d'être contestée vers la fin du XIX ème siècle. Nous pouvons néanmoins observer un tronc commun émotionnel à fleur de peau et d'âme, où le sentiment et le ressenti sont rois, jusqu'à l'obsession, concernant l'amour, le pays natal et l'histoire d'un peuple ou d'un individu, Mémoire, tout ceci incluant forte nostalgie, mélancolie et regrets, comme bien d'illustres ancêtres littéraires avant nous, de Ronsard à Joachim du Bellay, Marceline Desbordes-Valmore, Lamartine, Hugo, Jean Richepin, Verlaine...
Les styles et supports diffèrent, bien entendu, ainsi Romain Boulmé a pratiqué de nombreuses formes poétiques mais s'illustre ici, de manière originale, par le slam, qui lui permet de clamer et illustrer la poésie sur scène, la rendant pleinement vivante et actuelle, et de transcender le questionnement naturel de l'être. Ainsi, la mélopée slamesque permet une forme néopoétique, un néostyle avec la création de néologismes. Quoiqu'il en soit, chez Romain, on retrouve la mélancolie du méditatif contemplatif déplorant la perte de nos racines, ceci se transforme en une quête profonde : « Venir vous rendre hommage/ Est le plus beau des pèlerinages », « C'est la rencontre entre deux mondes/ Celui qui fut et puis...celui qui tue » , « Mais où sont passés ces génies immortels ? / Ces morts vivants, ces non-conventionnels » (« J'irai slamer sur vos tombes »)
… De surcroit, Jean Taillabresse, Poète breton, déplore un monde englouti, sali et assassiné : « Le crime est là, aux regards de l'enfant » (« Terre conquise »), « laideur des chiures et hideur des matins », « J'essaie d'oublier/ que ma terre n'est plus cette injure au soleil » (« Souillures »). Et ceci apparaît comme une perte quasi-irrémédiable, quand tout est énoncé au passé : « Nous avions nos martyrs pour nous parer de légende »....
Aussi, Pierre Montfort analyse de manière moderne, sobre et symbolique sa philosophie ou peut-être une vision partielle ou temporaire de l'existence, empreinte d'une certaine impuissance et obscurité, sinon pénombre ou noirceur ; une véritable énigme de Sphinx : « Comment sortir de là/c'est un entonnoir/Tu glisses ton âme/ Dans la vague », « Et tu deviens muet/Privé de ta voix » (Poème 3)... De quoi déclarer forfait ou s'en retrouver assommé : « Le pauvre type allongé/Il est photographié/ Amoché » (« Poème 4 : Uppercut »).
En regrets éternels et sous forme élégiaque, deux Poétesses déplorent en douleur éternelle
la disparition d'un être très cher, Jacklynn Beckman et Dana Lang :
Chez Jacklynn, comme pour Victor Hugo, il s'agit de la terrible perte de la fille si aimée, « enfant de vingt ans » et le justement nommé « Tristesse » nous inflige le « glas », le « chagrin », nous rapporte cette souffrance en « combien je l'adorais »...Si bien que même « le petit Prince est mort et avec lui l'amour/Votre terre d'aujourd'hui ne vaut pas le détour » (« Etoiles »). Quant à Dana, le départ de son Aimé la laisse solitaire, malheureuse et inconsolable, en ses multiples et justes hommages : « Pour Maurice », « O Mon Bien-Aimé, comment pourrais-je t'oublier », « Sans Toi » et « Tristesse » : « Sans toi, nos souvenirs me hantent/Qui me dira ce que je dois faire ?/Sans toi, j'erre et je me perds/Sans toi, tout m'indiffère (....) Sans toi, mon âme pleure ».
Pour Pascal Dague et Rosa Favella, les années passées de notre existence ont laissé indéniablement des traces, l'amour comme le courage s'avèrent néanmoins présents, en notre si humaine condition, pour tout reconstruire et partir sur une voie nouvelle, en effaçant tout, pour s'ouvrir à une autre vie, une seconde ou troisième chance ; l'hésitation peut exister, mais elle ne constitue qu'une sorte de passage un peu obligatoire, en notre condition humaine, cependant renaissant puissamment de ses cendres tel un Phoenix : « Laisse-moi du temps » écrit Pascal : « Désespéré à l'idée de devoir jamais te quitter/Comme un échec que je refuse d'imaginer/Et pour ne pas avoir le temps de te voir m'oublier/Je recueille avec soin l'éclat de ton sourire ». Puis, l'encouragement fort et si présent à l'aimée : « Ne me dis plus/Que prochainement tu vas mourir/Moi, je veux être là pour te soutenir/Ne me dis plus/Que je ne discerne rien/Je veux attraper ta main ». (« Derrière ton masque »).
Quant à Rosa, elle privilégie « Le souffle de la vie » : « Je prends mon envol/ Et respire le renouveau/Je réalise mes projets/Et me ressource/Dès que je peux. » Car, pour cela, est nécessaire la persuasion et « Le courage » : « A chaque naufrage/Toi le courage, tu me donnes la rage/Vaincre sans craindre, la peur n'est plus/Je sors de ma cage/Je nage vers le rivage »...
On retrouve avec Josette Gallou et Jean-Sylvestre Thépenier une maturité heureuse, plutôt détachée et oublieuse d'un passé enseveli, comme de tout malheur, bien que notant les défaillances sombres de notre époque et de notre planète ; il semble bien que ce soit l'amour, encore, le meilleur moteur et la meilleure justification de notre existence terrestre. Ainsi, aussi bien tous deux dénoncent-ils certains méfaits de société que se réconfortent-ils en leurs sentiments, l'or de cette Terre : « Je suis l'infini/Vivant/Je suis la douceur/Qui combat la douleur », « Le passé/Et le futur/Se marient/Pour enfanter mon présent » (Thépenier « Je suis »), et : « Ne plus faire de guerres », « Un lit douillet où le rêve se fait nid » (« Vivre, Oh Vivre ! ») ; quant à Josette, elle souligne que nous ne sommes là que « juste le temps d'un passage », aussi bien nous, que les dits grands de ce monde, et que « mon destin est mien, de passage » (« Le temps d'un Passage ») ; « l'amour ne mourra jamais, même en ces cœurs de vieillards (« Au cœur de la vieillesse ») quand bien même, « nul n'écoute leurs sentiments », « Pourtant l'amour dans le cœur, sans âge ».
Nous rencontrons aussi, ici, un Poète plus léger, frais, comme printanier, toujours positif, au cœur chaleureux, Frédéric Fort, né dans l'Est de la France, à Nancy. En dépit d'un parcours peu facile, Frédéric manifeste ainsi une jolie volonté de vivre, face à toute adversité, et nous ensoleille de ses éclairs de joliesses, comme une suave chanson de jeunesse d'esprit et d'âme. Tout resplendit et fleurit en Reverdie, remontant à la tradition poétique des trouvères moyenâgeux. Ainsi, « Fleurit » donne grâce à « fleur », « coeur », « mignon », « belle »... Il s'agit d'une floraison à l'extérieur comme à l'intérieur de nous ; il y est un « Estal » de « rire » et de « sourire »....
Noëlle Arnoult, Poétesse depuis sa tendre enfance, respire et vit en poésie, principalement exaltée amoureuse, ici, en ces quelques poèmes choisis, représentant, comme elle le dit, elle-même, sa principale raison de vivre. Quand elle évoque « Mes Camélias », qu'ils soient blancs ou rouges, contrairement à la Dame aux Camélias de Dumas, elle accepte tous les jours les hommages, non pas de ses, mais de son Amant. Un Aimé à la manière mystique, divine et osmotique (« La Chambre des Anges ») : « Comme je le désire, comme Dieu lui-même ! », « de ton hostie » , évoquant « une Nouvelle Bible » et une transfiguration en « buisson ardent ».
Inspirée également en méditations mélancoliques, méditatives, bucoliques, elle révèle un tempérament à la fois rousseauiste, profondément Romantique, une âme traversée de correspondances idéales et imaginatives, capable de s'émouvoir et de comprendre une statue d'artiste ayant quitté ce monde, comme de percevoir sa profonde tristesse de manière saisissante : « Où le buste austère et triste du vieux sculpteur/Peint sa mélancolie sur quelques vaguelettes/Prélude en ce sacre encore printanier vengeur/De son départ clos par les arbres à l'aveuglette ». (« Devant ce grand Lac »).
Enfin, en apothéose de ce recueil si riche en personnalités et écritures diverses, deux Poètes en extrapolation entrevue comme réalité constante bien que mythologique, nous enchantent ici, chacun en leur manière, Poète enclin, pour l'un, Olivier Lechat, à une évocation célébrant le Poète et sa lyre de « vif-argent d'écume de bronze » (De Profundis »), affirmant que, pour Vivre, il faut « Oser », en « théâtre de sa vie », « en limbes de son âme », « en volupté » et que nous embarque le « divin Dionysos, aux vignes de mes épopées » ! Tant il faut « oser le vin de sa chair ».
Et oser, clamer, enfin, l'Orphisme, clairement célébré par Georges de Rivas, où la « Beauté Eurydice », « Espérance poésie » est retrouvée et ressuscitée. « Je t'ai reconnue, Eurydice, vêtue de ta robe diaphane », « Je t'ai reconnue, présence et promesse d'altière poésie », de même que ce symbole parfait du pur amour : « O Femme aimée, mon totem tatoué au vélin de pure louange », « l'Amour versa ce vin d'or pour signer l'union de nos âmes »...
Révélations devenant la clé de tout être et de toute poésie.
Noëlle ARNOULT
Introduction à l'Anthologie Poétique Contemporaine Française 2
Dijon, 18 Mars 2019

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