jeudi 21 mars 2019

NOTRE PRAIRIE DE CERF ET DE BICHE



NOTRE PRAIRIE DE CERF ET DE BICHE


Alcool sirupeux vert comme notre Prairie de Cerf et de Biche...
Et voici la première fois que je goûte l'Absinthe Sainte aux yeux de Poètes... 
Qui me fait juste boire en tes paupières  la Saveur de ton âme...
Pour quelques gouttes à ta santé, à notre amour, si riche,
Juste un Ecritoire pour un encensoir en lueurs de Fête,
Un tout petit offertoire sous lequel rien ne se damne....

Car sais-tu qu'en robe fleurie, cet alcool n'a rien d'extraordinaire !...
Tant l'ont vanté, à,titre de quelle vertu, et pour quoi faire ?!...
Pour quel seul élan de solitude, pour quels immuables refrains,
Pour quelle gloriole, abandonnés au fin fond d'un lieu sectaire,
En quelque ruisseau ravagé par torrents de tourbe, mortifère,
Quand l'Amour, mes amis, l'amour frappe et se loge en vos reins !

Ne dévalisez pas les souterrains des alluvions fluviales et passantes,
Quand votre Royal Cerf dévale, de noble allure et de noble coeur,
Les Monts comme les vallées, pour vous enjôler de son brame !
Oh, vous ne sentez son ardeur, son orgueil et sa fougue aimante ?!!...
C'est à vous qu'il songe et se console du frottement de ses ardeurs,
Sur écorces nues et rudes, alors qu'il vous honore comme on se pâme !...

Et vous, vous, Blonde Biche, vous errez dans la prairie d'un vert si coquet,
Si coquin que vous vous pâmez d'extases et de parfums démembrés,
Quand un seul faune vous manque, seul Hôte de ses bois rude d'ardeur !...
Vous cherchez ce grand fougueux, vous l'appelez, même en obscurs rets !
Dans les secrets de la Nuit, touffus, moussus, ventrus, emplis de joyeusetés, 
Votre gésine désertée geint et soupire d'extase, de désir et de sombre humeur  !

Viens, mon Cerf, en mon flanc, qu'il ne te soit aride, si teinté de palpitante verdure,
Oh ce n'est pas ce timide alcool en fredaine qui me fait chevaucher en ton ombre,
Qui me fait tendre ma fauve robe vers le chant des choeurs de tes tréfonds !...
Non, ce n'est que l'amaranthus veridis, qui hume tant et me transhume en cure,
En véronèse cure, oui, de ton âme, transmigration mystique sans pénombre,
Juste pour tes caresses de mes flancs ressuscités d'entre les pâles moribonds !

Allons l'Absinthe de Poètes n'est qu'un prétexte de Sylphe, d'Elfe ou de Farfadet !
S'il faut croquer la Pomme d'Eve et les graines enfouies des mystérieux bois, 
Mon hyménée suinte sur les roches en fusion de ma passion inextinguible...
Une Chimère ne saurait me nuire, même si elle se tient là aux aguets,
Car je n'ai à subir que le choix, que le profond arbitre de mon libre choix,
Tant je m'offre aux douleurs et aux douceurs de ta possession, en dîme exigible !

Mes joues caressant la fructueuse sève de l'arbuste font frémir le vert feuillage,
Epandu sur moi comme une tendreté de sauge, vibrant sous ton fier brame,
Me bénissant d'une onction, quand en lui se trouve un lit de myrrhe prolifique,
Quand un rayon de soleil m'accouple à tes fiers naseaux, en idylle d'Aéropage,
Quand sur moi, enfin, tu étends ton vaste et vigoureux corps, autant que ton âme,
Quand, en sommet d'Adoration, tu me pourfends de ton emprise alchimique...


Noëlle ARNOULT
28 mars 2018, Minuit 30.
DIJON.

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