NOTRE
PRAIRIE DE CERF ET DE BICHE
Alcool
sirupeux vert comme notre Prairie de Cerf et de Biche...
Et
voici la première fois que je goûte l'Absinthe Sainte aux yeux de
Poètes...
Qui
me fait juste boire en tes paupières la Saveur de ton âme...
Pour
quelques gouttes à ta santé, à notre amour, si riche,
Juste
un Ecritoire pour un encensoir en lueurs de Fête,
Un
tout petit offertoire sous lequel rien ne se damne....
Car
sais-tu qu'en robe fleurie, cet alcool n'a rien d'extraordinaire !...
Tant
l'ont vanté, à,titre de quelle vertu, et pour quoi faire ?!...
Pour
quel seul élan de solitude, pour quels immuables refrains,
Pour
quelle gloriole, abandonnés au fin fond d'un lieu sectaire,
En
quelque ruisseau ravagé par torrents de tourbe, mortifère,
Quand
l'Amour, mes amis, l'amour frappe et se loge en vos reins !
Ne
dévalisez pas les souterrains des alluvions fluviales et passantes,
Quand
votre Royal Cerf dévale, de noble allure et de noble coeur,
Les
Monts comme les vallées, pour vous enjôler de son brame !
Oh,
vous ne sentez son ardeur, son orgueil et sa fougue aimante ?!!...
C'est
à vous qu'il songe et se console du frottement de ses ardeurs,
Sur
écorces nues et rudes, alors qu'il vous honore comme on se pâme
!...
Et
vous, vous, Blonde Biche, vous errez dans la prairie d'un vert si
coquet,
Si
coquin que vous vous pâmez d'extases et de parfums démembrés,
Quand
un seul faune vous manque, seul Hôte de ses bois rude d'ardeur !...
Vous
cherchez ce grand fougueux, vous l'appelez, même en obscurs rets !
Dans
les secrets de la Nuit, touffus, moussus, ventrus, emplis de
joyeusetés,
Votre
gésine désertée geint et soupire d'extase, de désir et de sombre
humeur !
Viens,
mon Cerf, en mon flanc, qu'il ne te soit aride, si teinté de
palpitante verdure,
Oh
ce n'est pas ce timide alcool en fredaine qui me fait chevaucher en
ton ombre,
Qui
me fait tendre ma fauve robe vers le chant des choeurs de tes
tréfonds !...
Non,
ce n'est que l'amaranthus veridis, qui hume tant et me transhume en
cure,
En
véronèse cure, oui, de ton âme, transmigration mystique sans
pénombre,
Juste
pour tes caresses de mes flancs ressuscités d'entre les pâles
moribonds !
Allons
l'Absinthe de Poètes n'est qu'un prétexte de Sylphe, d'Elfe ou de
Farfadet !
S'il
faut croquer la Pomme d'Eve et les graines enfouies des mystérieux
bois,
Mon
hyménée suinte sur les roches en fusion de ma passion
inextinguible...
Une
Chimère ne saurait me nuire, même si elle se tient là aux aguets,
Car
je n'ai à subir que le choix, que le profond arbitre de mon libre
choix,
Tant
je m'offre aux douleurs et aux douceurs de ta possession, en dîme
exigible !
Mes
joues caressant la fructueuse sève de l'arbuste font frémir le vert
feuillage,
Epandu
sur moi comme une tendreté de sauge, vibrant sous ton fier brame,
Me
bénissant d'une onction, quand en lui se trouve un lit de myrrhe
prolifique,
Quand
un rayon de soleil m'accouple à tes fiers naseaux, en idylle
d'Aéropage,
Quand
sur moi, enfin, tu étends ton vaste et vigoureux corps, autant que
ton âme,
Quand,
en sommet d'Adoration, tu me pourfends de ton emprise alchimique...
Noëlle
ARNOULT
28
mars 2018, Minuit 30.
DIJON.
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