Tableau de Gabriel Rossetti, 1881
Image : David Gos
Rédacteur web, Formateur à la MFM, directeur d'agence à SEOmantique, Podcasteur, Auteur
Rédacteur Web depuis 10 ans, un peu auteur, un peu Senior Content Manager de SEOmantique, un peu formateur
UN COMPTE A RÉGLER AVEC LA MORT
Le problème,
ce n'est pas ce qu'il y a "après", c'est
l’éloignement et la séparation.
J’ai un compte à
régler avec la Mort - De haine !
Préférant brûler
vive Ici et Maintenant,
Qu’en Éternité,
me voir congelée, d’haleine,
Immobile à tout
jamais, vidée de tout sang !
Aimer à tant
souffrir, mais non survivre, Vivre !
Quand, trop petits,
tout ce qui vous déplaît m’enivre !
Fi de leurs petits
pas attendant le trépas,
Mes pieds me
brûlent, haranguent, mes jambes s’enflamment,
D’un désir
crucial qui me tourmente, sans roi,
Pur Élan qui,
chevauchant tempête, m’affame !
Aimer à tant
souffrir, mais non survivre, Vivre !
Quand, trop petits,
tout ce qui vous déplaît m’enivre !
Vos précautionneuses
allures font vomir,
Tant trépigne la
vie, en réclamant ses droits… !
Passer à côté de
la mort n’est pas mourir …
Frôlant le
Précipice, en évitant ses doigts !
Soyez enchantés,
respirez, chantez, Charmants !
Ne vous soumettez
pas, infâmes peints de cire,
Vidés de vos
veines, fantomatiques amants !
J’ai un compte à
régler avec la Mort - De haine !
Tes putréfactions
de sombre caveau m’exècrent,
Tu nous ôtes tous
nos êtres chers, adorés,
Si bien que nos
chairs se liquéfient en ru acre…
Terrible peur,
flageolants de colère marbrée !
La mort infecte et
sordide est une charogne
Comme sa hyène aux
hurlements stridents suffoque,
S’étouffant
elle-même et ricanant sans vergogne,
Compagne du chacal,
assouvie, soliloque !
Le lit est abattu,
tel le lit des tyrans,
D’un Exil, exode
de songe, O Exodus !
Où le condamné a
fui en désert dément,
Et où toujours on
geint de malheur comme en Prusse !
La sombre terreur
arrache nos yeux d’horreur,
Effroi insoutenable
d’une main glacée,
De la vie
enfuie, pourquoi enfuie de nos heures...
Tes yeux ainsi
tournés en intérieur, figés !!
Arrêté terrible,
dont amour est la cible !
Mnémosyne a ôté
souvenirs, nos « je t’aime »,
Que puis-je opposer,
tendant, tremblante, ma Bible,
J’ai un compte à
régler avec la Mort – de haine !
Que Cerbère vous
dévore, Léthé oublie !
Charbonnez-vous des
braises offertes aux Enfers,
O Méphistophélès,
succubes ahuries,
Dansez !
Laissez-moi me condamner à mes fers !
La liesse du Vivant,
de la souffrance en Croix,
Le chemin d’épines,
la lumière en jaillit !
Toujours, vous
ignorerez les pleurs et la joie,
D’un abîme
exacerbé, vous donnez le puits !
… L’Espace
soudain semble vide, désertique,
Du sein de
l’univers, plus rien de vibratoire,
Qu’un seul être
meurt, nous devenons hystérique !
Couteau planté en
plein coeur, aucune victoire !
Solitude
insoutenable, aux arrêts de ces Parques
Que l’on devrait
parquer aux arrêts, enchaîner !
Plutôt qu’elles
ne nous cisaillent, achèvent d’un arc !
Perfides,
atrabilaires, à jeter d’un rocher !
Oh voir, voir !
Comme Jacob, pauvre mais Elu !
Empruntant l’échelle
magnifiée de rubis !
Connaître et
baigner dans l’Amour, cet Inconnu
Escalader les
marches du ciel, l’Infini…
Aimer à tant
souffrir, mais non survivre, Vivre !
Quand, trop petits,
tout ce qui vous déplaît m’enivre !
Pour écouter les
chants séraphiques, O mon Ame,
Frisonne tel Oiseau
de Paradis qui chante,
D’un transport,
ensorceler l’Archange et sa trame,
De doux chants
séraphiques devenir l’amante …
Aimer à tant
souffrir, mais non survivre, Vivre !
Quand, trop petits,
tout ce qui vous déplaît m’enivre !
Orphée, guide nos
pas en ténèbres du songe,
D’une flûte
mystérieuse, fait nous tendre
Une main exsangue en
broussailles de mensonges,
Ramenant nos défunts
à la vie qui engendre…
Noëlle Arnoult
Tous droits
réservés,
Dijon, Mai 2021
(Achevé 24 Mai)