vendredi 9 septembre 2016

TOUR D'IVOIRE

Ce poème, de 2012, demeure sans doute l'un de mes préférés, tant il représente une Allégorie de mon existence, de ma vision de l'Amour et de la Poésie, de la Solitude, belle en son essence médidative cependant désespérée en son impossible Quête, de l'artiste toujours en mal d'amour et de création...

TOUR D'IVOIRE



Qui m'aimera ?...
De ma Tour d'Ivoire,
Je scrute les nuées ombragées,
Ma longue chevelure écartelée, noire,
Devenue sombre, si noire,
En de tristes soirs...
Comme de multiples deuils
Consommés sur, de l'amour, le seuil...

Ma chevelure d'offrande et de tendresse
Enchevêtrée de fleurs d'Héliotropes, abondantes,
De Lotus, Jasmins et roses odorantes,
Sera tissée d'ensorceleuses tresses
Où les onguents de l'hyménée
Se glissent, habiles vainqueurs-nés,
Me transfigurant en une puissante Circé,
Considérée comme une déesse, par Homère,
Magicienne, de par ses poisons amers,
Ayant capturé même Ulysse, épousailles pleines de fécondité...

Qui embrassera mon cœur,
Parfois, sous la peau nue, si lourd,
Et soulèvera mon âme d'allégresse
En comblant mon corps de douceurs
Cependant que, de la cérémonie de l'amour,
Je serai la grande prêtresse...
Nous serons, aux jaloux, rendus sourds,
Puisque, l'un de l'autre, serons dans les bras ;
Quand bien même ce n'est point pour toujours...
Celui qui désirera être mon Roi...

… L'Amant du Passé a fui
Envolé dans la nuit ;
L'Amoureux du Présent,
Comme le brouillard, inconsistant ;
Celui du Futur, simple Rêve ,
Ne s'apparente qu'à une trêve ;
Il nous permet, ce songe,
De croire à des mensonges,
Évite que l'on capitule,
Souhaite que l'on affabule...

… Mon long cou blanc,
Glorifié ainsi que dans « Le Cantique des Cantiques »,
Est prêt à recevoir tes baisers de sang,
Taches rouges, comme pacte romantique...
Devrais-je emprunter
L'Antique Porte d'Ivoire
Pour, aux songes trompeurs, croire,
Etre pleinement révélée,
Ainsi que l'avait fait Enée !...
Sortir ou m'enfermer
En cette Tour d'Ivoire,
Où les âmes isolées font leur histoire …
« Où Vigny, plus secret...
Avant midi, rentrait » ;
Là où le Poète soigne ses blessures,
Là où je peux encore garder fière allure,
Songeant au Cantique, afin que mon sein
« Soit parfumé de précieux vins » ;
Que mon corps, « recouvert de Lys et de Froment,
Présente ses deux seins, semblables à deux faons » ;
A cet abandon sensuel et total,
Où n'existe pas, de la souffrance, le mal...

… Au plus haut de la Tour
Me saisit l'Ivresse de « l'air pur des solitudes »,
« L'oubli dans la coupe d'or des Légendes » ;
Ainsi sommes-nous, Nerval et moi, dans nos turpitudes,
Dans le secret de nos offrandes,
Ivres de Poësie et d'Amour....


NOELLE ARNOULT
Vendredi 28 Décembre 2012
3 h

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