LA ROUMANIE REND HOMMAGE AU MONDE, A L'EUROPE ET A LA FRANCE....
IL EST GRAND TEMPS DE RENDRE HOMMAGE A LA ROUMANIE !
INTERVIEW DE M. Dragomirescu Daniel
Je publie ici l'entretien eu avec M. Dragomirescu Daniel, Journaliste, Ecrivain- Nouvelliste, ancien Professeur de Littérature à Bucarest, Fondateur et Directeur de la Revue, "ORIZONT LITERAR CONTEMPORAN" , soit "Horizons Littéraires Contemporains", créée voici 10 ans et permettant aux Poètes de toutes nations de s'exprimer et de répandre la bonne, vraie et importante Parole poétique à travers le monde.( L'Europe y est mise à l'honneur, de même que quelques pays d'Amérique Latine, etc.).
Il convient de rappeler que la langue et l'histoire roumaines bénéficient de nombre de racines communes latines avec notre propre civilisation française, et que, lors de notre passé lointain et récent, beaucoup de nos événements, arts et actions s'en sont trouvés entremêlés...
Quant à M. Dragomirescu Daniel, il aime et honore particulièrement notre riche passé historique et culturel car, depuis tout jeune, il s'y trouva baigné, par hasard peut-être au tout début, puis par goût et recherche extrême, ayant d'ailleurs choisi plusieurs options à l'Université se rattachant à notre littérature et langue.
Quant à M. Dragomirescu Daniel, il aime et honore particulièrement notre riche passé historique et culturel car, depuis tout jeune, il s'y trouva baigné, par hasard peut-être au tout début, puis par goût et recherche extrême, ayant d'ailleurs choisi plusieurs options à l'Université se rattachant à notre littérature et langue.
Son parcours fut et est toujours Lutte au sein d'un pays, la Roumanie, ayant connu, et connaissant toujours, de multiples combats politiques et sociaux.
C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir PRENDRE LE TEMPS de consulter et lire mon article à tête reposée car il s'avère relativement long pour couvrir les différents aspects de son existence, engagements, résistances, optiques, tout en évoquant, en même temps bien entendu, d'importantes phases et époques de son pays. (Né en 1952, il eut l'occasion, malheureusement, de traverser les plus sinistres Pages vécues par la Roumanie...)
C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir PRENDRE LE TEMPS de consulter et lire mon article à tête reposée car il s'avère relativement long pour couvrir les différents aspects de son existence, engagements, résistances, optiques, tout en évoquant, en même temps bien entendu, d'importantes phases et époques de son pays. (Né en 1952, il eut l'occasion, malheureusement, de traverser les plus sinistres Pages vécues par la Roumanie...)
Concernant HLC, il s'agit donc d'une Revue à visée universaliste, où les textes des Poètes, maintenus toutefois dans leur langue originelle, sont traduits, en parallèle, en roumain ou/et langue anglaise ou espagnole, italienne, selon les circonstances et possibilités de traduction et d'édition. Un joyeux kaléidoscope de couleurs et de sonorités faisant entrer la Poésie dans un véritable Feu d'Artifice Littéraire et lui re-conférant toute sa Noblesse et Liberté d'expression !...
Il s'agit cependant d'une lutte de tous les jours pour conserver ces publications, (et les expédier dans le Monde ! ) paraissant tous les deux mois, une Revue format 21x29,7 d'environ 70 pages, et où je me trouve d'ailleurs publiée, et traduite en roumain, ainsi que mon "Profil culturel", pour la parution de Janvier-Février, (soit le numéro 57) en Page... 57 ! (hasard et clin-d'oeil de ce numéro ! :) ),
pour mon Poème "Hommage à la Poésie"....
N'hésitez pas à me contacter pour de plus amples informations !
Noëlle (noellearnoult27@gmail.com)
Il s'agit cependant d'une lutte de tous les jours pour conserver ces publications, (et les expédier dans le Monde ! ) paraissant tous les deux mois, une Revue format 21x29,7 d'environ 70 pages, et où je me trouve d'ailleurs publiée, et traduite en roumain, ainsi que mon "Profil culturel", pour la parution de Janvier-Février, (soit le numéro 57) en Page... 57 ! (hasard et clin-d'oeil de ce numéro ! :) ),
pour mon Poème "Hommage à la Poésie"....
N'hésitez pas à me contacter pour de plus amples informations !
Noëlle (noellearnoult27@gmail.com)
INTERVIEW DE
D.DRAGOMIRESCU PAR N. ARNOULT
Noëlle :
Bonjour Daniel Dragomirescu !
Tu t'es présenté à moi comme Directeur de
la Revue internationale HLC, et également des livres de la
Collection Bibliotheca Universalis, qui contient plus d'une centaine
de titres, en plus d'être Journaliste et Nouvelliste,
principalement...
Tu revêts donc différentes casquettes. De
nombreuses cordes à ton arc !... Par ailleurs, tu as exercé,
durant des années, comme Professeur de Littérature : peux-tu
me dire pourquoi tu as cessé la pratique du professorat, et pourquoi
un tel changement ? Et que recherches-tu dans ta nouvelle voie,
depuis quelques temps déjà ?
Daniel
D. :
En fait, j'ai toujours désiré
être « mon propre patron »...
Oui,
même durant la pleine époque de la dictature, dès mon enfance,
lorsqu'on voulait nous faire croire que toute propriété était "un
vol" (l'idee fausse de Marx), je me voyais et me voulais être
"patron".
A
Paris, bien sur. être un bon patron pour ses collaborateurs vaut
tout l'or du monde, et ici c'est un peu différent, aussi bien quant
au fait de la reconnaissance, (mais je ne parle pas des
collaborateurs, plutôt des dirigeants institutionnels ! ) qu'en
ce qui concerne la rétribution que l'on peut envisager. Peu importe,
je possède l'amour de mon métier et la passion de l'écriture
surtout !
Je
veux être « un type » de la classe moyenne, honnête,
travailleur, qui construit son destin de ses propres mains et n'a
besoin de la pitié de personne !
Je
me vois comme un patron plus humain qu'un Secrétaire du Parti
communiste qui se réclamait « Fils du peuple » et
vivait dans un luxe digne de la plus grosse bourgeoisie !...
Peut-on
imaginer semblable félonie ? Non, lorsque l'on n'a pas vécu
dans un tel Parti totalitariste ni dans une semblable
dictature ! Car la dictature est en premier lieu corruption.
Nul ne doit pas oublier cela...
Noëlle :
….Parce
que tu as vécu et travaillé à Paris ? Ce qui t'aurait permis
d'établir des comparatifs, évidemment !...
Daniel D.
Non,
jamais, mais j'en ai rêvé, bien entendu !
C'était
ma ville-lumière, tout jeune !
J'ai
lu des centaines de livres et d'écrivains français d'ailleurs. Une
passion, chez moi !
En
effet, je conçois un amour immodéré pour la France que je
considère encore comme « la fille ainée de l'Eglise »,
et qui m'a toujours enchanté de par sa richesse, sa liberté et sa
riche culture ! Paris a vu passer tant et tant de têtes
couronnées, de philosophes du Siècle des Lumières, de fabulistes
et exégètes... malheureusement décapitées sous la Révolution, de
même que quelques scientifiques ou poètes, tel André Chénier,
sous la Terreur ! L'Histoire me passionne, en général, et en
particulier, pour Paris !...
En
réalité, je n'avais absolument pas les moyens de voyager et puis
j'étais très pris par mon travail, ce qui fait que je n'ai pu m'y
rendre jusqu'à présent.
Cependant,
la Roumanie abrite aussi une excellente et importante culture, des
intelligences et écrits, œuvres d'art brillantes, et je n'ai jamais
accepté que les dictatures puissent mettre tout ce chef-d'oeuvre en
péril !
On
pourrait affirmer que la France est, sinon toujours « la fille
ainée de l'Eglise », mais en quelque sorte « la sœur et
l'amie de la Roumanie ! »...
D'ailleurs
nos destins se sont trouvés très liés, comme pendant la première
guerre mondiale, où mon grand-père fut valeureux combattant.
Rapidement,
j'aime à rappeler que mon
grand-
père paternel, Constantin St. Dragomirescu fut au debut du XXème
siecle, Maitre d'ecole pendant 10 annees (depuis 1906 jusqu'a 1916).
En
Aout 1916 la Roumanie décida d'entrer dans la Grande Guerre a côté
de l'Entente, de la France principalement. Tu sais certainement que
la Roumanie moderne s'est constituée par le concours essentiel
offert par l'emperreur Napoleon II. Grace a lui, la Moldavie et la
Valachie se sont constitués, au 24 Janvier 1859, dans les
Principautés Unies.
.
Dans cettes conditions extrèmement difficiles, mon grand-père,
ainsi que toute l'armée roumaine,, s'était retiré dans la
Moldavie, qui n'etait pas encore occupée par les ennemis; si cela
avait eu lieu, l'etat roumain, fondé a l'aide de la France,
n'existerait plus. A Turtukaia, mon grande pere en réchappa par
miracle.
Cependant,
la Roumanie n'était pas préparée réellement à faire face à une
guerre moderne. La Mission Militaire française, conduite par le
Général Berthelot, vint nous sauver. Ce dernier devint un grand ami
de la Roumanie, on le surnomma : « Taica Bertelau »
soit « Père Berthelot ». Après la guerre, Berthelot fut
récompensé de plusieurs propriétés en Roumanie et on lui décerna
le titre de citoyen d'honneur du Royaume de Roumanie.
A
Bucarest existe d'ailleurs une rue importante qui, après la chute du
communisme, fut rebaptisée avec son nom. Là où se trouve le siège
de la Radiodiffusion Nationale “Romania”.
C'est
pourquoi il me semble si triste que la France et le Francais
d'aujourd'hui ne sachent rien de ces illustres prédecesseurs ayant
cultivé des relations étroites avec la Roumanie, et on sait
généralement en France beaucoup plus ce qui se passe dans l'Ile de
Kergouelen ou dans je ne sais pas quel pays d'outre-mer qu'en
Roumanie !
Noëlle :
Et
bien oui je comprends ! Moi-même, j'ignorais toute cette belle
partie de notre histoire commune dont le rideau vient de s'ouvrir
brusquement, grâce à toi, Daniel, et je t'en remercie
chaleureusement ! Effectivement, on a toujours affirmé qu'il
fallait « rendre à César ce qui appartient à César »,
aussi, à la faveur de cet article, ce geste paraît tout à fait
justifié !...
Pour
en revenir à toute ton action, cependant, tes entreprises et
initiatives diverses, je suis certaine que tu es un très bon
patron ! Puisque tu l'as tellement désiré et depuis si
longtemps.
Nous
pourrions mettre en évidence qu' il s'agit d'une très bonne
revanche, pour toi, sur le destin ! Preuve que nous pouvons
« contrôler » le destin, ou qu'il nous mène, cependant,
en nous « dédommageant » parfois ?...La question
reste posée !
Quand
as-tu commencé d'écrire ?
Daniel
D.
Effectivement,
je l'essaie en tout cas !
Et
je ne ménage pas mes efforts. J'ai commencé voici 9 ans d'exercer
dans le domaine éditorialiste ,et ai arrêté mon métier de
Professeur voici 3 ans cependant aurais aimé le faire avant
car je ne supportais plus l'autoritarisme de l'état, en ce domaine
particulier. J'en avais vraiment assez : aucune initiative, que
des directives arbitraires et tendancieuses ! J'aurais aussi
aimé me consacrer, bien auparavant, davantage à l'écriture.
Et
oui ! Qu'aurait pu s'imaginer un gamin, fils de paysan, au sujet de
son avenir, dans un pays où les lumieres s'eteignaient a 22 heures
et où l'eau courante, par économie, ne coulait plus ??? Rien de
tel, en tout cas !
Noelle :
Et
pourquoi dis-tu que les lumières s'éteignaient à 10 h du soir
? C'était le couvre-feu ? Tu parles de quelles années ?
Daniel
D. :
Ceausescu
a commis et institué tellement d'horreurs et d'aberrations, si tu
savais – si le monde pouvait réellement se rendre compte !...IL
a accédé au pouvoir en 1974, ainsi que sa terrible épouse, Eléna,
peut-être encore plus dictatoriale que lui !... Cependant le
Régime politique du communisme se trouvait en place depuis 1945,
donc avant ma naissance ! IL a fallu attendre le Coup d'Etat de
1989 et la condamnation de ses pitoyables pantins pour qu'il
s'effondre !
Oui,
effectivement, des tas de mesures furent, par lui, prises, pour
compliquer et rendre la vie des habitants de la Roumanie
insupportable. Le fait de faire la queue, comme aux pires heures de
la guerre, était considéré comme tout à fait normal, pour espérer
pouvoir avoir le droit de se nourrir ! Comme de plonger les gens
dans le noir complet dès 22 heures, à une époque dite
« civilisée » !... Nous n'allions pas reprendre des
silex pour espérer en faire jaillir quelques étincelles, tout de
même !...
Noëlle :
Donc
tu confirmers avoir vécu une très grande partie de ton existence,
puisque né en 1952, sous des régimes totalitaires malfaisants,
durant au moins 40 années !...
Daniel
D. :
Oui,
et de nombreux membres de ma famille sont morts du fait de cette
politique abusive, sous les exactions. Ou les bombes, comme en 1944,
ma sœur et son fiancé ! La Roumanie ayant changé de « camp «
et d' optique, pendant la guerre, 3 ans de bataille avec l'Axe
et 8 mois avec les alliés, les pertes humaines ont été à
regretter de façon continue ! La Roumanie put au moins
récupérer la Transylvanie du Nord où je demeure et d'où je suis
originaire ! Doù mes racines s'inscrivent, celle des Dacs,
braves et honnêtes gens descendants des Romains et non des Slaves,
comme on le croit souvent de façon abusive dans la plupart des pays
européens. Nous sommes pleinement européens et descendants de
latins. Alors que l'amalgame est souvent fait avec les « Roms »
mais là, c'est une autre histoire.
Noëlle :
Oui,
effectivement, votre langue ressemble, à l'oreille, et au niveau de
l'écriture, à l'italien !...
Concernant
la Transylvanie... Chez nous, elle évoque plutôt le célèbre Comte
Dracula, de Brian Stoker ! Une histoire romanesque et
fantastique à souhait ! Cependant il serait sans doute temps
que nous accordions réelle valeur à cette région !
Daniel
D. :
Certes,
car hormis cet aspect « pittoresque » (même si le vrai
Comte Vlad l'Empaleur ne possède pas les attraits que l'on veut
généreusement lui attribuer, surtout auprès de la gent féminine
étant donné qu'il s'agit d'un monstre sanguinaire, en réalité),
la Transylvanie et les Carpates en particulier représentent une très
belle région, tant au niveau géographique, paysager que culturel et
historique. En effet, la
région était, dans l'Antiquité, le centre politique du royaume des
Daces, les Thraces du nord.. Puis, en l'an 106, elle fut conquise par
l’empereur romain Trajan
et
devint la province de Dacia Felix bien que
cette
province romaine ne correspondit que partiellement aux limites de la
future Transylvanie.
Ce sont l'or et la halite
(« sel gemme » dit-on couramment) qui attirèrent les
Romains en notre pays !
Noëlle :
Revenons à la dictature, qui
représente tout de même une terrible Epée de Damoclès, pour
vous ! Comment est-il possible de vivre ainsi et de demeurer
« debout » ?
Daniel D. :
Parlons-en. ..
D'ailleurs je salue l'initiative des « Nuits debout »
ayant eu lieu aussi à Paris ! Ce grand élan m'a beaucoup plu
et m'a redonné espoir pour mon pays et l'Europe en général, à
laquelle je suis très attaché.
IL faut absolument
reconnaître que demeurer « debout » ici s'avère très
difficile, et puisqu'il le faut, revenons à la situation sous
Ceausescu !
Lorqu'il s'accapare le
pouvoir, prenant la tête du Parti communiste en devenant Président
de la République socialiste roumaine en 1974, s'instaure un terrible
« culte de la personnalité », à l'occasion duquel il se
fait nommer « Roi du Danube », « Danube de la
Pensée » ou « Génie des Carpates ». Du 16 au 22
décembre 1989, date de la fuite des époux Ceausescu, de terribles
exactions ont lieu pour juguler les mouvements de protestation ayant
commencé. On compte des centaines de blessés, morts, arrestations
arbitraires. Certains éléments font débat mais il est assuré que
les époux Ceausescu finissent condamnés et reconnus coupables de
génocide.
Elena fut sans doute encore
plus monstrueuse, s'il est possible, supprimant le contrôle des
naissances, ce qui entraîna, entre les années 1970 et 80, des
milliers d'orphelins abandonnés dans des mouroirs. De surcroît,
elle n'accorda aucun crédit à l'épidémie de Sida, ce qui
déclencha une accélération de la propagation de la maladie.
N'ayant effectué que peu d'études, elle n'hésita pas à se
fabriquer de faux diplômes, et à faire emprisonner les vrais
scientifiques.
Tout pouvoir absolu mène à
la corruption, et c'est ce contre quoi la Roumanie lutte encore et
toujours à l'heure actuelle. IL faudrait prévenir toute nation, la
France y compris, contre ces chants de sirènes qui, en théorie,
peuvent parfois paraître si attrayants mais qui, en finale, mènent
aux pires désastres. Je sais en particulier que l'on étudie les
idéologies marxistes, en cours de philosophie, dans les écoles
européennes, et ceci me semble tendancieux voire dangereux.
Car on ne peut sans doute
réellement envisager ce que l'on n'a jamais connu, lorsque l'on n'a
jamais vécu dans une telle société totalitaire où le choix donné
est inexistant :
Soit choisir la dictature et
se plier, se transformer en pourceau, si il le faut – soit mourir
de faim, de maladie... Pis : emprisonné ou exécuté !
Car qui peut embaucher, dans
un tel régime, à part l'Etat ? Personne à partir du moment où
la notion de «droit privé » n'existe pas, où aucun
« patron » n'a droit de cité. Où il faut combattre, en
tout cas sans rececoir aucune subvention de l'Etat !...
Qui peut s'arroger le droit
et la liberté de penser ? Personne !...
Chaque jour devient lutte.
Si la Société, en France ou
ailleurs, dans un pays dit « libre » peut s'améliorer en
cas de désaccord ou imperfection, ici, elle ne le peut guère car la
société totalitaire n'admet aucun changement : elle écrase
l'individu !...L'individu devient un numéro dans un troupeau de
moutons !...
Noëlle :
Oui, je comprends, on assiste
alors à une totale négation de l'être humain !...
Daniel D. :
La
Ceausescu (la femme du dictateur) voyant les gens dans la rue,
attendant l'ouverture des magasin alimentaires disait: « Ah!
La vermine!! Jamais il ne sont satisfaits !!!"
Noëlle :
On
ne peut oublier des événements aussi sinistres !...
Daniel
D. :
Et
connais-tu la résultante la plus affreuse d'un tel régime
totalitaire ? IL s'agit du fait que de nombreuses personnes
acceptent de se transformer en animaux, renonçant à toute dignité
humaine pour un misérable bout de pain, signant la dégradation
absolue de la nature humaine, de son essence.
Pour
faire comprendre et stigmatiser l'ignominie de cette chute absolue de
l'homme, j'envisage un essai : « La société
totalitariste par les yeux d'une de ses victimes ».
Noëlle :
Mais
alors il a du t'être très difficile à toi aussi de survivre dans
cette « jungle » !
Daniel
D.
Oui,
cependant jamais la propagande totalitariste ne m'a ôté ma
personnalité.
Noëlle :
Tu
dois en être fier, de même que d'en avoir réchappé là où le
joug devait devenir le plus sensible, autrement dit, en tant que
Professeur complètement dépendant de l'Etat !
Daniel
D. :
Effectivement,
je n'en pouvais plus, ce qui a provoqué mon départ de cette
fonction.
De
toutes façons, je me suis retrouvé marginalisé par la société
communiste jusqu'en 1990. Ensuite, ce sont les néo-communistes qui
ont pris le pouvoir et les petits descendants des Ceausescu. De
nouveaux dictateurs, leurs fils « spirituels » !!!
Toujours les mêmes chefs de la Nomenclature. Les rois de la
classification et de la ségrégation, par le fait !
Noëlle :
Heureusement
que tu as pu résister et ne pas t'avilir !
Tu
représentes le combat de la dignité de l'homme !...
Daniel
D.
J'ai
essayé ! Entre 1991 et 1993, j'ai été le Secrétaire de
l'Alliance civique, organisation départementale visant à
« rééduquer » la population opprimée en lui proposant
les valeurs de la démocratie. En lui redonnant de l'espoir et la
force de se réveiller, de se rebeller.
Noëlle :
La
situation s'avère-t-elle toujours aussi difficile à l'heure
actuelle ?
Daniel
D.
Non,
absolument pas car une nouvelle génération s'est fait jour. Plus
exigeante, même, envers les dérapages de la démocratie que les
Français ou les Américains. La Roumanie, et là réside le plus
grand des paradoxes, commence à faire école de démocratie pour
l'ensemble de l'Europe, sans doute ! Voire au-delà des
frontières !
Noëlle :
Le
combat n'aura pas été vain, en ce cas ! En atteignant ce
paradoxe !...
Daniel
D. :
Oui,
les journaux américains ou français ont abordé le sujet !
Par
contre, il existe toujours des milliers de gens vivant dans des
conditions d'extrème pauvreté, dans des villages, attendant
l'aumône du Pouvoir pour vivre. Ils représentent une masse de
manœuvre pour les ennemis jurés de la démocratie roumaine.
Noëlle :
Alors,
toi-même, te sens-tu l'objet de pressions ?
Daniel
D. :
Non,
car dans ce pays nous avons gagné la liberté de vivre et de
s'exprimer, grâce au sang des morts de la Révolution et des
assassinés de Ion Iiiescu, premier successeur de Ceaucescu ! Un
communiste masqué !
En
Roumanie la dictature communiste s'est avérée plus dure que dans
n'importe quel pays de l'Est. Et pis que les crocodiles d'Afrique !
Noëlle :
Terrible
amélioration gagnée dans un torrent de sang !
Daniel
D. :
Plus
que cela : quelque chose de totalement nouveau apparaît dans ce
pays, sur la scène du monde...
Dans
ce pays autrefois acteur et témoin du totalitarisme le plus abject !
-
Puisque le peuple roumain s'est opposé en majorité à l'occupation
soviétique, et contre l'introduction de son régime en Roumanie.
On
pourrait même considérer que la Roumanie a fait office de barrière,
à quelques épisodes de son histoire, protégeant la France de
l'invasion soviétique !
IL
est vrai que nous l'avons payé très cher, par une répression
causant des millions de morts. Ont été exterminés les fils du
peuple, les paysans et travailleurs, mais aussi des intellectuels.
IL
serait bon d'évoquer davantage notre lutte, en France et ailleurs !
Noëlle :
Oui
car les Roumains ont fait preuve de courage et de solidarité mais le
monde l'ignore...Encore trop souvent ! Finalement le Siècle des
Lumières, c'est ici qu'il s'éveille et se
relève !...L'humanisme après la barbarie ! Je comprends
que ta revue HLC octroie la part belle à la Poésie et l'Art qui
concourent à sauver le monde et à sauvegarder les libertés, dont
la liberté d'expression en particulier ! C'est une magnifique
manière de s'opposer aux pernicieux ! D'ailleurs j'ai remarqué
que, dans ton dernier numéro, tu as introduit plusieurs photos des
récentes manifestations !
Daniel
D. :
Oui,
absolument, pour lutter contre la corruption et les tentatives de
nouvelles lois insanes, donnant tout pouvoir aux dirigeants véreux,
on observe et crée de splendides opportunités, comme le soir du 27
février, à 21 heures, où cinq mille manifestants se sont réunis,
à l'occasion de la Fête du Martzishor « Rezist », signe
du Printemps où l'on offre habituellement aux êtres chers un
Martisor (Habituellement le 1er Mars).
Ces
Martzishores ont symbolisé ce soir une réelle Révolution, REZIST a
pris tout le sens de « Je résiste » puisque ces cinq
mille personnes ont allumé leurs téléphones portables et
lanternes, afin de former l'image du drapeau européen. Un miracle
s'est produit à Bucarest et va faire le tour du monde !
Noëlle :
On
pourrait conclure en disant que les Roumains sont de vrais Romains,
déterminés à monter sur des barricades de courage et à
repousser les Barbares !
Daniel
D. :
Oui,
et il ne faut pas hésiter à parler de l'exceptionnalisme du cas
roumain, en bien et en mal ! Un cas d'école à repousser, en
certains cas, à favoriser et admirer en d'autres cas ! Les Dacs
ont éliminé les malfaisants les plus résistants, cependant
malheureusement une partie de la population demeure amorphe ou sans
défense, voire endoctrinée !
Des
millions de Roumains ont tout de même été obligés d'émigrer en
Occident et de l'autre côté de l'océan, il ne faudra jamais
l'oublier !...
Noëlle :
En
tant que Poète, je me permettrai de remarquer que la Roumanie est
une étoile, mais non filante ! Elle a marqué l'empreinte de
l'Histoire et n'a pas fini de l'écrire, cette histoire !
Merci,
Daniel D., pour cette entrevue très intéressante et édifiante, et
à bientôt !
As-tu
toutefois quelque chose à ajouter ?
Daniel
D. :
Oui,
je citerai Albert Camus, que j'admire beaucoup, en son courage et
intégrité, et qui dans ses « Discours de Suède » a
profondément exprimé ce que je défendrai toujours, au cours de mes
différents écrits, Essais ou Nouvelles, en tant qu' écrivain :
« L'art
n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen
d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image
privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc
l'artiste à ne pas s'isoler ; il le soumet à la vérité la
plus humble et la plus universelle. »
Noëlle :
Oui,
car tu écris principalement des nouvelles. Te définis-tu comme un
Témoin, pour ton temps ?
Daniel
D. :
De
façon tout à fait humble, j'essaie de retrouver la grandeur, la
noblesse et la beauté de l'homme (à la Platon, pour l'idéal, et
comme Pericles, pour le pragmatisme) et de lui redonner toute la
place, inestimable, qu'elle mérite et a acquise de droit, par le
passé, en replongeant, sans cesse et sans cesse, dans nos racines,
pour en retrouver les prémices et éviter que l'Histoire ne se
répète dans le mauvais sens – pour l'incliner du bon côté !
Une manière, aussi, de rendre hommage à nos ancêtres qui ont été
jusqu'à donner leur vie pour notre épanouissement et renaissance.
Lutter contre l'injustice et la terreur demeure un combat de tous les
jours et un défi pour notre temps.
27
Février 2017
BUCAREST
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