samedi 29 mars 2014

GROTTES PROFONDES

… Fouler un sol empreint de Majesté,
Le Regard tourné vers une intériorité sacrée...
L’Esprit de la Divinité nous environne,
Qu'elle ait été religieuse, païenne ou profane ;
Un paganisme subtil nous brûle les reins et notre cœur ronronne,
Comme bercé du puits sans fond où rien ne se fane...

Du Tréfonds des Ages remontent les aspirations vers l'Idéal
Quand, cachés au fond de ces grottes sécurisantes,
Ainsi qu'en des entrailles maternelles et amicales,
Notre angoisse s'avérait bercée par ces roches environnantes,
Enveloppantes comme des rêves obscurs, confus ou sibyllins,
Ou des songes lénifiants, bienfaisants pour le Lendemain...

Le Fleuve impétueux a creusé les Entrailles de la Terre,
Ainsi qu'une Main géante et indiscrète, volontaire,
Une Folie gargantuesque de la Nature déchaînée,
Maîtrisant l'Avenir et les roulements de tonnerre,
Dévoilant sa Béance en un jet de foudroyants éclairs,
Puissante Progression d'une Déesse furieuse comme la puissante Mer...

Nos ancêtres priaient-ils, se recueillaient-ils, en ces Lieux ?
Nul doute que leurs pensées acérées par la peur familière
Se confiaient sans délais à des Auspices plus heureux,
En ce havre de Paix, Magique Sanctuaire,
S'agrippant aux pans de pierres vertigineuses, roches en suspension,
Danses et mariages féconds de calcaire et glaise argileuses confondues...

Sculptures érigées en miraculeuses architectures transparentes d'émotion,
Ainsi que par un couperet, notre souffle suspendu semble pourfendu... Rabelaisiennes empreintes inscrites comme d'étranges hiéroglyphes au diapason
Emplies de créatures antiques et effrayantes ayant peuplé ces lieux de déraison..
De fantasmagoriques drapés se développent et dégoulinent le long de ces hautes parois,
Semblant ouvrir un théâtral rideau à notre intensif émoi...


Quelle humanité semble ainsi nous donner une fantastique leçon ?!
Quel Chaman a-t-il , en de merveilleuses volutes,
Tracé à la fois le Passé et le Futur des peuples en flagrante lutte
Contre leur odieux obscurantisme et leur intérieure beauté,
De sa joie mêlée de crainte face à l'impérieux désir de Vie,
Face à ses corporelles et spirituelles, incessantes, Envies !...

L’Aiguillon du Désir la fait aimer et chasser l'altier Mammouth,
Une bravoure empreinte de respect concernant le préhistorique Cerf,
Dont les cavalcades résonnent encore sous les souterraines voûtes...
Buffon, digne Naturaliste et Héritier de l'Humaine curiosité, n'a pas, de dédain, souffert,
En visitant et admirant cette plongée incessante en arrière,
Concentré d'Espace-Temps étonnant et palpitant par son Hyménée...

.. Qui modèles-tu, Circé, de par tes vertus magiques, qui, certains, en désolent ?
Oracle de l'ancienne Pythie aux cheveux au vent étalés ;
Des visages surgis de nulle part semblent s'échapper du sol,
Comme autant de gourds et sourds gémissements, plaintes obsédantes,
Audibles à nos seules âmes compatissantes,
Nos doigts enfonçant funèbrement leurs extrémités dans l'humidité tutélaire...

De nombreuses empreintes de mains au pochoir suggèrent une intelligence éveillée,
Artistes brillants, génies du maniement de l'Ocre et du Charbon de Bois,
Ancêtres du Fusain et du Pinceau, plus précis et fouillés,
Là où le Matériau participe vraiment à la Création, de bon aloi,
Ainsi que l'affirme le Préhistorien, André Leroi-Gourhan,
« Toute fabrication est un dialogue entre le fabricant et la matière », vraiment !...

Des Lacs, comme des champs d'éblouissantes étoiles échouées,
D'où fées et ectoplasmes entament une incompréhensible ronde. Enchevêtrée....
Stalactites et colonnes mariales ont des airs de retraites monacales !...
Il est difficile d'échapper à ce charme mystérieux, d'insondables salles,
Ce Silence peuplé du monde invisible captif d'une pénombre abyssale 
Fait que chacun hésite à, de nouveau, le monde du-dehors, affronter...

Au passage, une énorme coquille Saint-Jacques nous tend les bras,
De Saint-Jacques de Compostelle, un étonnant signal,
Affrontant vents-et-marées, sur le chemin du pèlerinage, ici-bas,
Notre cœur en émoi se dit que rien de ceci ne s'avère banal,
Tandis que, remontés à la surface, l'Envie d'être cajolés par la Déesse-Mère 
Distille en nous le goût de ses flancs éventrés, Gaïa béante et innocente, loin de l'Amer...


NOËLLE ARNOULT
Lundi 13 Mai 2013

20 h

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