MA BICHE
En t'attendant, cette bête hantait
la clairière,
Seule, abandonnée, soumise à un
noir rival,
En ce doux Prélude à l'Après-midi
d'un Faune,
Son cœur, ses yeux, avaient égaré
leur lumière...
Oh ! Qu'au chevet de la nuit
dansent Bacchanales,
Apre solitude, tyran comme cyclone !
Elle guettait, regardait, humait
senteurs troubles,
Indéfinies, maussades, parfois
mélodieuses,
Transportées par la brise, les
soudains orages,
Elle te hantait de ses yeux humides,
doubles,
D'une souffrance qui redouble,
sentencieuse,
Réceptacles de nombreux chagrins,
fureurs, rages...
De ses désespoirs à l'agonie de
son âme,
De ses rivières de merveilles
d'Ophélie,
Elle cherche toujours son Cerf
absent à ce jour.
O Beauté-alarme de cette
biche-femme,
Qui a connu l'opprobre et les pires
avanies,
Qui veut uniquement fredonner à ta
Cour...
Arrache l'humus en Adagio de Johann,
Si triste d'un Sébastien Bach
crépusculaire,
Erre dans cette forêt toujours
seule ou bannie,
Exilée de sublime amour comme on se
damne,
Cherchant des glands, des feuilles,
un abécédaire,
De cet âme simple, sublime,
abasourdie...
En t'attendant, s'enterre avec le
Crépuscule,
S'aventure en une Nuit de Ténèbres
osés,
Hait le moussu tapis et le feuillu
taillis,
Ne veut plus manger minuscule
tubercule,
Seulement baiser, caresser tes
Orchidées,
S'étendre sur flanc nu, absoute
reverdie...
Transpercée de l'Aurore, aux yeux
toujours humides,
La voici enfin, croisant ton Noble
chemin,
La voici comme moi, pure
transmigration,
Alleluia, pour survivre au terrible
Vide,
Voici la croisée de son opaque
destin !
… Son Cerf, Clairière, en
Sérénade d'émotion !
Noëlle ARNOULT
17 Avril 2018
Dijon, 22 h
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