mardi 17 avril 2018

MA BICHE




MA BICHE

En t'attendant, cette bête hantait la clairière,
Seule, abandonnée, soumise à un noir rival,
En ce doux Prélude à l'Après-midi d'un Faune,
Son cœur, ses yeux, avaient égaré leur lumière...
Oh ! Qu'au chevet de la nuit dansent Bacchanales,
Apre solitude, tyran comme cyclone !

Elle guettait, regardait, humait senteurs troubles,
Indéfinies, maussades, parfois mélodieuses,
Transportées par la brise, les soudains orages,
Elle te hantait de ses yeux humides, doubles,
D'une souffrance qui redouble, sentencieuse,
Réceptacles de nombreux chagrins, fureurs, rages...

De ses désespoirs à l'agonie de son âme,
De ses rivières de merveilles d'Ophélie,
Elle cherche toujours son Cerf absent à ce jour.
O Beauté-alarme de cette biche-femme,
Qui a connu l'opprobre et les pires avanies,
Qui veut uniquement fredonner à ta Cour...

Arrache l'humus en Adagio de Johann,
Si triste d'un Sébastien Bach crépusculaire,
Erre dans cette forêt toujours seule ou bannie,
Exilée de sublime amour comme on se damne,
Cherchant des glands, des feuilles, un abécédaire,
De cet âme simple, sublime, abasourdie...

En t'attendant, s'enterre avec le Crépuscule,
S'aventure en une Nuit de Ténèbres osés,
Hait le moussu tapis et le feuillu taillis,
Ne veut plus manger minuscule tubercule,
Seulement baiser, caresser tes Orchidées,
S'étendre sur flanc nu, absoute reverdie...

Transpercée de l'Aurore, aux yeux toujours humides,
La voici enfin, croisant ton Noble chemin,
La voici comme moi, pure transmigration,
Alleluia, pour survivre au terrible Vide,
Voici la croisée de son opaque destin !
Son Cerf, Clairière, en Sérénade d'émotion !

Noëlle ARNOULT
17 Avril 2018
Dijon, 22 h

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire