UN CASSE-NOISETTE
La Poupée s'anime, toute
bouleversée...
Celui qu'elle aime, Prince, demeure
automate :
Que peut-il penser, sans larme ou
sang écoulé !...
Comment peut-il Aimer, en ce cœur
disparate ?
Un Génie l'a transformée, l'a
modelée femme,
Elle respire, ainsi que zéphirs,
feuilles au vent !
Elle halète et frissonne, palpite
en son âme,
Désire l'aimé en ses bras, crie ce
tourment !
Lui ne ressent rien, toujours
marionnette et fils,
N'entend ni ne sent les vibrations
de la chair.
Le drame est ainsi, consommé, vain
et subtil :
L'un de bois, l'autre vivant, crie
dans le désert...
« Tu ne saurais embrasser ma
bouche vermeille,
Tu ne saurais soulever mon corps de
passion,
Tu ne saurais baiser mes pieds et
mes orteils,
Tu ne saurais déverser en moi ton
onction ! »
« Laisse-moi t'aimer tout de
même » crie Pantin,
« Car brille mon étoile de
Prince à mon tronc !
Dès lendemain clairera un autre
matin,
Où Dieu deviendra homme et bois
aura raison !... »
Ainsi fut et fait, le Maître des
Automates
Accorde au manant sa liberté de
Seigneur,
Exacerbant son remontoir d'ardeur,
sans hâte,
Le laissant rompu d'ivresse,
cherchant sa Fleur...
Tous deux emplis de frissons
d'extase amoureuse
Accourent l'un vers l'autre,
traversant la Terre,
Combat, ballet d'incandescence
silencieuse,
Aspirant l'Elan de vie, fuyant
Cimetière...
Noëlle ARNOULT
2 Janvier 2017,
21 h 30, Dijon.
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