lundi 26 février 2018

MANIFESTATIONS EN ROUMANIE

EN IMAGES. Nouvelles manifestations record en Roumanie contre la corruption

 Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le , mis à jour à 
Un demi-million de Roumains ont manifesté dimanche soir, en dépit du recul du gouvernement qui a retiré un décret sur la corruption à l'origine de la contestation.
Un demi-million de Roumains ont manifesté dimanche soir, en dépit du recul du gouvernement qui a retiré un décret sur la corruption à l'origine de la contestation.
 
AFP/Daniel MIHAILESCU

Environ 250 000 personnes ont manifesté à Bucarest et autant dans une cinquantaine de villes à travers le pays dimanche, pour la sixième journée consécutive de manifestation.

La reculade du gouvernement n'aura pas fait taire la gronde. Un demi-million de Roumains ont manifesté dimanche soir, plus nombreux que jamais à exprimer leur mécontentement vis-à-vis des autorités, qui ont pourtant retiré un décret sur la corruption à l'origine de la contestation.  
Pour la sixième journée consécutive de manifestation, la mobilisation a battu un nouveau record: ils étaient environ 250 000 à Bucarest, sur la place de la Victoire, siège du gouvernement, et autant dans une cinquantaine de villes à travers ce pays de 20 millions d'habitants

"Voleurs"

"Démission" et "Voleurs", ont-ils scandé dans la capitale, en brandissant des drapeaux aux couleurs nationales et des bannières étoilées de l'Union européenne.  
Des bannières étoilées de l'Union européenne ont été brandies au cours de la manifestation.
Des bannières étoilées de l'Union européenne ont été brandies au cours de la manifestation.
REUTERS/Stoyan Nenov
L'exécutif social-démocrate a pourtant capitulé sur un point crucial pour les manifestants, en abrogeant le décret d'urgence qui aurait permis à des hommes politiques d'échapper à la justice. Ce texte a donné lieu au plus grand mouvement de contestation populairedepuis la chute du communisme. 
Une femme manifeste avec une croix à Bucarest, dimanche.
Une femme manifeste avec une croix à Bucarest, dimanche.
REUTERS/Stoyan Nenov
Critiqué pour avoir fait adopter cette révision du code pénal par décret, laissant de côté le parlement, le Premier ministre Sorin Grindeanu a promis de "rapidement ouvrir des débats publics avec tous les partis politiques et avec la société civile".  

Le Premier ministre refuse de démissionner

Sorin Grindeanu, en place depuis un mois, a exclu de démissionner, déclarant, lors d'une interview télévisée, avoir "une responsabilité envers les gens qui ont voté" pour son parti lors des législatives du 11 décembre.  
Le chef du parti social-démocrate (PSD), Liviu Dragnea, a durci le ton dimanche soir: "si les manifestations continuent après l'abrogation de ce décret, il deviendra clair qu'il s'agit d'un plan ourdi après les élections législatives" de décembre pour faire chuter le gouvernement, a-t-il avancé. 
Un demi-million de Roumains ont manifesté dimanche soir.
Un demi-million de Roumains ont manifesté dimanche soir.
REUTERS/Stoyan Nenov
Mais pour Laura Fatu, une manifestante bucarestoise, il en va de "réparer des erreurs commises par le passé et aussi de l'avenir. La classe politique vole notre argent, nos forêts, notre avenir, nous en avons marre", confie-t-elle. 
Les manifestants ont utilisé des téléphones et des lampes de poche pour éclairer la nuit.
Les manifestants ont utilisé des téléphones et des lampes de poche pour éclairer la nuit.
REUTERS/Inquam Photos
Le texte initial adopté par le gouvernement mardi réduisait sensiblement les peines encourues pour abus de pouvoir et introduisait un seuil minimum de préjudice de 200 000 lei (44 000 euros) pour entamer des poursuites dans la plupart des affaires de corruption. Il faisait craindre à ses détracteurs une régression de la lutte contre la corruption qui s'est intensifiée ces dernières années en Roumanie. 
Les jeunes urbains, venus souvent manifester en famille, ont fourni le gros des troupes à ces rassemblements, qui, le soir venu, essaiment dans de très nombreuses villes de ce pays qui a traversé plusieurs périodes d'instabilité politique au cours des dernières décennies. 
Les jeunes urbains, venus souvent manifester en famille, ont fourni le gros des troupes à ces rassemblements.
Les jeunes urbains, venus souvent manifester en famille, ont fourni le gros des troupes à ces rassemblements.
REUTERS/Stoyan Nenov
Radu, 27 ans, avait sacrifié ses cent kilomètres de vélo dominicaux pour une protestation immobile sur sa bicyclette, dimanche matin, face au siège du gouvernement. "Il y a encore tellement de corruption dans le gouvernement, au sénat, partout. Nous n'en pouvons plus (...) nous voulons des dirigeants compétents, qui gouvernent pour le peuple, pas pour eux-mêmes et leur compte en banque", s'insurgeait le jeune homme. 
Les manifestants ont brandi des effigies de Liviu Dragnea et d'autres membres du PSD déguisés en prisonniers.
Les manifestants ont brandi des effigies de Liviu Dragnea et d'autres membres du PSD déguisés en prisonniers.
REUTERS/Stoyan Nenov
Le gouvernement avait affirmé que sa motivation avait été de mettre le code pénal en conformité avec la Constitution et de désengorger les prisons. 

Une mise à l'abri du chef du PSD?

Mais selon ses détracteurs, son intention aurait été de mettre à l'abri de la justice le chef du PSD Liviu Dragnea, actuellement en procès dans une affaire d'emplois fictifs. La Commission européenne et le département d'Etat américain avaient exprimé leur préoccupation. 
Le chef des sociaux-démocrates, qui s'est déjà vu infliger deux ans de prison avec sursis dans un précédent dossier, s'est défendu d'être l'un des bénéficiaires du décret, dénonçant une campagne de désinformation. Le gouvernement a par ailleurs transmis cette semaine au parlement un projet de loi, également critiqué, visant à gracier 2500 détenus, dont certains pourraient être des élus condamnés. 
Chassé du pouvoir fin 2015 par des manifestations contre la corruption, le PSD jouit d'une solide base électorale dans les milieux ruraux et défavorisés, qui l'ont à nouveau plébiscité aux dernières législatives, sur fond de promesses de hausse des prestations sociales. 
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